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     Hélas ! sur les derniers mois de sa grossesse, ce n'était point,
 il faut le dire, sa beauLé qui la faisait poursuivre; mais c'étaient
 ses nombreuses seigneuries qui tentaient les comtes et hauts
 barons du pays.
     Car elle avait cessé d'être belle , et tous les agréments de
 son esprit avaient en même temps disparu. On peut direaussi
 qu'elle avait cessé d'être bonne. On ne parlait plus de ses
 donnes habituelles aux portes du château , et tous les paysans
 du Jarez ne reconnaissaient plus en elle la charitable dame
 d'autrefois.
     On ne la voyait même en aucun lieu. Du jour , elle faisait
 la nuit. Elle s'enfermait dans des appartements drapés de
 noir avec son prie-Dieu et une statue de l'enfant Jésus , son
 livre d'heures ouvert à l'endroit des prières pour les morts. Il
 n'y avait d'hospitalité au manoir que pour les voyageurs éga-
 rés dans les neiges cl jamais plus pour les trouvères. Les
 droits seigneuriaux, tels que ceux de la Leyde et de la Foire,
 ceux de justice haute , moyenne et basse, enfin, les tailles
 se percevait, tout avec une dureté sans pareille.
     C'est que la clame de Jarez n'était plus à elle. Celle mort
 du comte et les préoccupations d'unegrossesse sinistre l'avaient
 totalement changée.                                                    *
    Elle s'élait surprise avec des appétits désordonnés qu'elle
 n'osait s'avouer à elle-même, el plus elle les contrariait, plus
 leur activité redoublait. Or, elle en était dévorée. Rongée par
 cette faim atroce , elle refusait pourtant toule espèce d'ali-
 ments. On dressait autour d'elle des tables où la succulence
 des mels ne laissait rien à désirer. — J'ai faim !•... j'ai faim !
j'ai cependant trop faim ! /... répétait-elle sans cesse, d'un son
 de voix altéré et d'un air tantôt hagard tantôt doux el mélan-
 colique. — J'ai faim !j'ai pourtant trop faim ! ! On n'avait que
 cela d'elle, et tous ces apprêts si excitants ne faisaient que lui
 soulever le cœur et provoquer des vomissemenls.
  Elle mourait donc de faim , au milieu de loulce qui pou-
vait apaiser son besoin cruel. On voyait bien qu'elle se serait