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22 quérir. Et de suite il se commanda cinquante hommes d'armes pour qu'en traversant deux lieues de montagnes et de forêts , ni bêtes, ni gens ne causassent à sa dame aucun déplaisir , et avec elle il se rendit droit au prieuré de Val-Fleuri. L'ermitage, dont il ne reste aujoud'hui que les quatre murs^ tenus par des touffes de lierre , est sur la crête d'un rocher au bas duquel se poursuit le beau vallon de St.-Romain dans la direction du sud à l'est. Ce vallon n'était alors que la conti- nuation des bois environnants , et aujourd'hui il se déploie comme une magnifique c e i n t u r e , flottante et détachée du pied de l'ermitage en ruine. En gravissant le monticule que couronne cet ermitage, on trouve un pelîl rocher que l'on nomme la Chaise de la sainte Vierge. Ce rocher a la forme d'un fauteuil du moyen-âge ; on y remarque toutes les empreintes du corps humain. C'est là que la mère de Dieu aimait à s'asseoir avant que la piété des fidèles lui eut élevé une chapelle à deux cents pas de là ; el c'est là qu'en s'asseyanl aussi les femmes stériles pouvaient autrefois renaître à l'espoir d'une prochaine fécondité. La dame de Jarez y resta longtemps assise. Elle s'y reposa les mains jointes, en prières, tandis que de son côté le comte arrivait à l'ermitage. Il trouva le sainlhomme agenouillé. Une image de la reine des a n g e s , un christ, un b a n c , une table chargée d'écrits, pas d'autre mobilier, nulle autre compagnie. Au nombre des écrits on remarquait la charte de Henry I , datée de 1052 , à la forme de laquelle , ce grand el religieux prince confiait à St.-Roberl l'entretien des prêtres en ce lieu, la célébration des saints mystères et la confession des pèle- rins. Tous ces écrits étaient sur un papier dur et sonore, leur encre luisante devenait lumineuse à la clarté du grand jour. La première initiale en était imagée. A celui-ci, c'était un casque surmonté d'un panache , ou les ailes ondoyantes d'un épervier , à cet a u t r e , la tête grimaçante d'une vieille , le cou flexible d'un cygne, ou deux dragons enlacés. Le Bénédictin évidemment étudiait autant qu'il priait dans