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n celle retraite, et la science ne perdail rien à son isolement. Il reçut le haut seigneur avec la dignité d'un religieux qui ne prise d'autre grandeur que celle que lui offre le monde moral; on voyait bien que cet homme avait connu la cour, et l'on rapporte même qu'en son jeune temps, lui aussi, de par Dieu , Notre-dame et monseigneur St.-Denis il avait été fait che- valier ; qu'enfin, las du commerce des grands et le cœur brisé par le monde , il s'était voué à la vie contemplative au sein de ces forêts , déplorant l'inégalité sociale et grand partisan des Croisades^ qui de ce temps sapaient la féodalité en faveur de l'unité providentielle du pouvoir. — Noble seigneur, soyez le bien venu , dit l'ermite en voyant entrer le pénitent ; je vous devine, vous aussi venez invoquer les secours de la mère des affligés. — Yoilà cent écus d'or pour son aide, répondit le comte en offrant une bourse à l'ermite. — Ce que vous et votre dame venez implorer d'elle , m e s - sire comte de Jarez, répliqua l'ermite , en restituant le don , n'est pas chose qui se marchande et qui s'obtienne à prix d'or. Louis I X , notre saint monarque , a fait un vœu qui lie tous les seigneurs chrétiens, et tant que ce vœu ne sera pas rempli n'espérez pas , messeigneurs de France, que malgré vos of- frandes , vos maux soient près définir, ou que ce que vous souhaitez, en quoi que ce soit , puisse vous échoir. — Ce vœu, c'est d'aller en Terre-Sainte combattre les infi- dèles ? Ermite, je vous comprends. Ce vœu pourtant ne con- cerne que le roi, et le roi n'en a-l-il pas été délié par l'évêque ? — L'évêque de Paris aurait désiré annuler ce vœu du roi , reprit l'ermite, mais Louis , vous le savez, a déclaré qu'il ne boirait ni ne mangerait, que son vœu ne fût rempli; et serait-il beau que le roi de France se rendît seul eu Palestine?.... vous n'avez donc pas été fait chevalier, comte? — Noblesse oblige , je le sais ; et vous pensez, ermite, que Dieu ne m'accordera d'héritier qu'à la condition d'un départ à la suite du roi ?