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 quérir. Et de suite il se commanda cinquante hommes d'armes
 pour qu'en traversant deux lieues de montagnes et de forêts ,
 ni bêtes, ni gens ne causassent à sa dame aucun déplaisir , et
avec elle il se rendit droit au prieuré de Val-Fleuri.
    L'ermitage, dont il ne reste aujoud'hui que les quatre murs^
tenus par des touffes de lierre , est sur la crête d'un rocher au
bas duquel se poursuit le beau vallon de St.-Romain dans la
direction du sud à l'est. Ce vallon n'était alors que la conti-
nuation des bois environnants , et aujourd'hui il se déploie
comme une magnifique c e i n t u r e , flottante et détachée du
pied de l'ermitage en ruine.
    En gravissant le monticule que couronne cet ermitage, on
 trouve un pelîl rocher que l'on nomme la Chaise de la sainte
 Vierge. Ce rocher a la forme d'un fauteuil du moyen-âge ; on
y remarque toutes les empreintes du corps humain. C'est là
que la mère de Dieu aimait à s'asseoir avant que la piété des
fidèles lui eut élevé une chapelle à deux cents pas de là ; el
c'est là qu'en s'asseyanl aussi les femmes stériles pouvaient
autrefois renaître à l'espoir d'une prochaine fécondité.
    La dame de Jarez y resta longtemps assise. Elle s'y reposa
les mains jointes, en prières, tandis que de son côté le comte
arrivait à l'ermitage. Il trouva le sainlhomme agenouillé. Une
image de la reine des a n g e s , un christ, un b a n c , une table
chargée d'écrits, pas d'autre mobilier, nulle autre compagnie.
    Au nombre des écrits on remarquait la charte de Henry I ,
datée de 1052 , à la forme de laquelle , ce grand el religieux
prince confiait à St.-Roberl l'entretien des prêtres en ce lieu,
la célébration des saints mystères et la confession des pèle-
rins. Tous ces écrits étaient sur un papier dur et sonore, leur
encre luisante devenait lumineuse à la clarté du grand jour.
La première initiale en était imagée. A celui-ci, c'était un
casque surmonté d'un panache , ou les ailes ondoyantes d'un
épervier , à cet a u t r e , la tête grimaçante d'une vieille , le cou
flexible d'un cygne, ou deux dragons enlacés.
  Le Bénédictin évidemment étudiait autant qu'il priait dans