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6 Des bois mystérieux ose franchir le seuil, Et trouble en y plongeant l'eau des saintes fontaines ! Loin des sentiers battus il ne faut s'écarter, Ni pour marcher tout seul, ni pour lire au grand livre; Qui tend au vrai s'égare, et penser c'est douter, C'est perdre ses beaux jours, c'est oublier de vivre. L'arbre de la science est bien l'arbre fatal ! Le frisson prend tout homme arrêté sous son ombre, Et qui goûta son fruit révélateur du mal, Garde la lèvre amère et le visage sombre. Ànathème au savoir! tristesse, effroi, remord ! Anathème à la main qui sonde et qui mesure 1 Ah ! science ! maudis tes instruments de mort Qui déchirent le sein de la mère nature; Scalpel, règle et ciseaux, creuset gouffre béant Qui pour l'or englouti nous rend vapeur et cendre; Compas et sabliers, mesureurs de néant, Livre où manque le mot qui ferait seul comprendre ! Foule, foule à tes pieds livre, équerre, et compas, Que ton corps se redresse, et que ton œil se lève; Le secret que tu veux, les livres ne l'ont pas, 0 Mélancolia, poursuis sans eux ton rêve ! Regarde à l'horizon, plus haut, toujours plus haut ! Tout est vu désormais sur cette pâle terre; Son soleil est terni, mais un astre plus chaud Va colorer les fleurs de ta couronne austère.