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                     MON VOYAGK A PARIS.                      487

 somnolent de cinq lourds chevaux. Le directeur de l'octroi
 s'était empressé d'envoyer une escouade d'employés pour les
 recevoir        et pour visiter leurs bagages, et six maîtres
 d'hôtel étaient accourus leur offrir des hommages.... et des
 logements.
    Il serait trop long de détailler les explorations de l'ho-
 norable famille pendant son séjour à Paris. Son plaisir et son
 enthousiasme furent des plus complets; cette époque fut, à
 son avis du moins, la plus belle de sa vie.
    Aussi, était-il facile de reconnaître que M. Muggins, M me
Muggins et M11" Muggins avaient été à Paris. Pourquoi dis-je
avaient été? Par le ciel! je me t r o m p e ; il faut dire étaient
toujours à Paris. Ces bonnes gens étaient, en effet, constam-
ment à Paris, malgré et depuis leur retour à Londres. Même
en prenant leur thé, dans leur maison de           Camomih-Slreet,
leurs cœurs, leurs aines, leurs yeux, leurs oreilles, leurs nez,
leurs doigts, leurs langues, tous leurs sens et toutes leurs fa-
cultés, étaient encore à Paris. Partout et toujours, dans la
maison, dans les rues, dans les carrefours, dans les p r o m e -
nades publiques, au temple, au théâtre, partout et toujours,
enfin, ils voyaient Paris, ils sentaient Paris, ils entendaient
Paris, ils parlaient de Paris, PAUIS, PARIS!
    Le diable vous... confonde, pensais-je, en tournant le coin
de bishop'sgate strecl, ce même soir, après avoir pris congé
de la famille Muggins, le diable vous.... confonde, ô Muggins,
Muggins autrefois si aimables et si bons, maintenant si taquins
et si rabâcheurs! M'en avez-vous assez dit, ce soir, parce que
je n'ai pas profité, comme vous, de la diminution de prix sur-
venue dans les moyens de transport pour acquérir, au ra-
bais, la futile réputation de touriste. M'en avez-vous assez
dit, ce soir, parce que je n'ai pas voulu courir dans les pays
étrangers, vivre, même en voyageant, à meilleur marché qu'en
restant moelleuseruent assis au coin de mon feu, dans ma
vieille Angleterre! Mais qui voudrait rester exposé à vos dé-
dains ou à votre blâme pour n'avoir pas fait un voyage sur