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               DE L'HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ.                 475

 lelligence pour triompher des obstacles opposés par les vo-
lontés rebelles des hommes vivant dans l'état de pure nature.
C'est donc ici, comme nous l'avons déjà dit, qu'a dû véri-
 tablement commencer la chaîne des calamités humaines. Dès
que les propriétaires nefirentplus de différence entre l'homme
sauvage et les sangliers qui dévastaient'leurs champs, ou les
loups qui dévoraient leurs troupeaux, alors eurent lieu les
luttes meurtrières et incessantes; alors s'élevèrent des chefs
impitoyables qui, dédaignant la vie champêtre, ne voulurent
plus mettre bas les armes et redevenir agriculteurs ; alors se
construisirent des forts menaçants; alors enfin s'inventèrent
et se perfectionnèrent mille instruments de destruction, mille
moyens de donner la mort.


                             XIV.


   Dans toute l'histoire du monde, on ne voit guère qu'une
seule société qui ait été formée par la réunion volontaire
d'un las de vagabonds, d'aventuriers, de malfaiteurs. Chose
remarquable, Romulus, l'illustre chef de ces bandits, trouva,
dit-on, sur le champ, la forme de gouvernement qui con-
venait à leur caractère indépendant, et le moyen de les fa-
çonner au joug des lois, sans faire violence à leur amour pour
la liberté.
   En effet, tous les règlements que fit Romulus pour la po-
lice de la petite monarchie républicaine, dont il jetta les fon-
dements, toutes ses institutions religieuses, civiles et mili-
taires, eurent cela de particulier qu'ils se conservèrent in-
tacts sous les rois ses successeurs, qu'ils ne souffrirent au-
cune altération après le renversement de la royauté, dans
Rome, et que tous les principes de politique créés par lui,
ne tirent, dans la suite, que se développer avec plus de force