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V68                 DU CARACTÈRE RELIGIEUX
      e
XVII siècle. Elle y domine de la même manière ; elle en
pénètre également toutes les parties. Cependant, Messieurs,
nous ne suivons pas en aveugles les traces du cartésianisme el
nous sommes continuellement attentifs à ne pas nous heur-
 ter contre les mêmes écueils. Ainsi, malgré la distinction
sévère tracée par Descaries entre la théologie et la philoso-
phie, la philosophie du XVIIe siècle, plus d'une fois, a eu le
tort en traitant de la nature de Dieu, de ses attributs, de ses
rapports avec l'homme, de ne pas s'appuyer uniquement sur
l'autorité de la raison, de faire intervenir les textes sacrés
et les dogmes que la raison ne donne pas. Malebranche sur-
tout offre, sous ce point de vue, dans toute sa philosophie, une
singulière et fâcheuse confusion. Nous ne sommes pas tombés
dans cette confusion, nous nous appuyons constamment sur
la seule raison, en laissant sévèrement de côté tout ce qui ne
nous est pas donné par elle. Un autre écueil que n'a pas tou-
jours évité le cartésianisme, c'est la tendance à absorber notre
individualité et notre personnalité au sein de l'ôlre infini,
c'est la tendance qui aboutit à Spinosa. Pour nous ,
nous prenons garde à mieux concilier que ne l'a fait le carté-
sianisme, l'infinité de Dieu avec l'activité essentielle, l'indi-
vidualité et la personnalité des créatures. Instruits par l'histoire
des excès contraires et également dangereux, dans lesquels
est tombée, au sujet de Dieu, la pensée philosophique, nous
nous appliquons constamment à éviter les uns et les au-
tres, à ne pas, par exemple, donner dans l'excès d'un Dieu
confondu, identifié avec le monde, ni dans l'autre excès d'un
Dieu séparé du monde, ou bien encore, par crainte de l'absolu
et de l'infini, nous prenons garde de ne pas aller à l'anthro-
pomorphisme, ni par crainte de l'anthropomorphisme, de nous
précipiter dans le néant d'un absolu indéterminé, dans le
vide d'un être sans attributs, sans qualités, identique au non-
 ètre. Voilà par où nous nous rattachons fortement à la phi-