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CIIAULKS. 'f'l7 nature un de ces esprits qui aiment les chemins directs, et ne s'accommodent point des méthodes tortueuses des pé- dagogues. Il ne ressentait pour l'étude aucune antipathie, mais il entendait y procéder à sa guise. Ne pouvant contraindre ses maîtres à satisfaire son impatiente curiosité, il les aban- donnait au bout de quelques jours d'épreuve pour courir après l'espace et le grand air. Alors c'en était fait des plumes, des livres, surtout des livres latins. Adieu les in- sipides leçons qu'on semble affecter de rendre inabordables à la naïve perception de l'enfance, adieu l'aride assemblage de mots barbares, qu'on substitue aux exemples et aux idées. Le voilà parti pour les champs, pour les montagnes, pour les courses dangereuses le long du Rhône. Ah ! quelle joie de grimper, au soleil, sur les flancs d'un rocher pour conqué- rir une fleur que l'on jette l'instant d'après ! Quel bonheur d'aller rêver, on nesait à quoi, sous la fraîche voûte des arbres, ou de s'ébattre au sein d'une eau murmurante pour s'at- taquer ensuite au courant et s'habituer à le vaincre. Ainsi faisant, Charles devint bientôt un détestable écolier, mais en revanche un des plus intrépides nageurs. Cependant, un jour il se lit, en plongeant dans le Rhône, une grave blessure au genou. Rapporté évanoui, sanglant chez son père, il dut gar- der la chambre pendant une année, et marcher avec des béquilles pendant près de dix-huit mois. Sitôt que le blessé put s'occuper de quelque chose, ses parents songèrent au* moyens de prévenir les suites de ce repos absolu et forcé. Les livres? plus que jamais il les avait en horreur, mais la vue des dessins, des gravures lui causait un contentement extrême : ainsi se révélèrent les premiers symptômes de sa vocation véritable. Bientôt le plaisir d'admirer cessa de lui suffire, il voulut imiter. L'école du palais Saint-Pierre exis- tait déjà , toute peuplée de jeunes élèves, heureux et fiers d'en faire partie. Charles témoigna un désir si violent d'y