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DU MONT-CARMKl, 251 le camp de Sennachérib. et qui, dans une nuit, tua cenl- qualre-vingl mille de ses soldats, en les louchant de son ha- leine. Le mystère qui enveloppait dans sa marche le fléau destructeur, fit naître les plus absurdes soupçons : là , comme en Russie, comme à Londres, comme à Paris même, on crut à des empoisonnements, et il y eut des victimes des fureurs populaires. Les villes avaient fermé leurs portes ; les bourgs, les villages, les moindres hameaux interdirent également leur entrée. Malheur à l'étranger errant dans les campagnes ! il était exposé à être massacré ou à mourir de faim. Frère Charles quêtait alors à une assez grande distance de Naples. Son habit religieux avait jusques-là pro- tégé sa vie, mais n'avait pu faire lever l'interdiction d'entrée dans les villes. Il était sans asile et sans pain; nulle habita- tion ne voulait le recevoir. Chose étrange ! on laissait mou- rir de faim l'un des plus laborieux ouvriers de cette maison du Carmel, qui s'ouvre pour tous ceux qui ont faim ! Il put enfln rentrer à Naples. Il obtint une audience du roi. Au moment où il commençait à lui raconter son histoire, le roi l'interrompant lui dit avec bonlé : « Je sais tout: vous avez bien souffert ; mais vous trouverez désormais dans mon royaume plus d'hospitalité. » El, eu effet, le roi Ferdinand donna immédiatement des ordres pour que le Frère Charles rencontrât partout secours et protection. Frère Charles re- tourna ensuite au Carmel, et nous avons vu pourquoi il en est reparti, et pourquoi il est au milieu de nous. C'est tou- jours , pour me servir de l'expression de M. Poujoulat, l'humble et infatiguable ambassadeur du Mont-Sacré au- près de la charité européenne. 11 vient quôler pour le mur d'enceinte. Donnons au noble quêteur. Ne souffrons pas que l'œuvre du Carmel reste inachevée. Songeons qu'il y a là , outre la question de religion, une question de civilisation. Partout où l'on fonde un monastère, on fonde une civili-