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HE JOSEPH DE MAISTI'.E. 233 1Y. Turin, 22 avril 1 8 2 0 . MONSIEUR , J'ai reçu votre lettre du 14. Mille grâces pour tous les détails utiles et obligeants dont vous l'avez remplie; mais elle jette dans un embarras inexplicable, car je vois bien clairement que les cartes se sont brouillées avec M. R. et vous; et vous sentez de reste, Monsieur, que mon rôle se borne à ne rien dire. Si par hazard j'ai aperçu quelque mé- contentement dans la conversation de M. B. (1), je ne dois point vous en parler, et je dois de même garder le silence à son égard sur tout ce qui concerne ces Messieurs dans la let- tre à laquelle je réponds. Que faire, Monsieur? En vérité, je l'ignore. Je sens parfaitement tout ce que vous me dites, et quel homme dans sa vie n'a pas rencontré de ces moments terribles où l'amitié semble tout-à -fait oublier ses obligations? Peut-être même que si j'étais à Lyon, je pourrais dissiper le nuage, mais, par lettres, je ne ferais que l'épaissir. Oui, Monsieur, j'ai aliéné mon ouvrage pour n'en plus entendre parler. Le Ve livre, qui formera un ouvrage à part, est compris dans la vente, de manière que, si je ne puis l'im- primer, ce sera un imbroglio terrible. 11 dépendra de vous de m'en tirer, Monsieur, si vous pouvez me communiquer votre copie, comme j'ai déjà eu l'honneur de vous en prier. Vous me rendrez, je puis vous l'assurer, un très grand ser- vice : une fois que j'aurai ce précieux exemplaire, tout mon travail se bornera à faire disparaître jusqu'à l'apparence de l'aigreur : je veux en faire un ouvrage tout-à -fait philoso- phique et pacifique. Mais les coups pressent; en attendant, ( i ) Baillot,