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102                                THÉÂTRES.

que celte logique paraisse invincible à tous les banquiers plus ou moins
Israélites de notre temps. Cela n'empêche pas que la conviction bien pro-
fonde produite eu nous par celte nouvelle revue de la tragédie classique
faite avec M.Ile Rachel , c'est     que de toutes les choses mortes du dix-
septième et du dix-huitième siècle, et il y en a beaucoup, la plus morte
de toutes, c'est incontestablement la tragédie. Est-ce un bien ou un mal,
nous ne le déciderons pas, mais c'est un fait ; et tous les arguments du
monde    contre "Victor Hugo et Alexandre          Dumas n'y changeraient rien;
dire pourquoi elle est morte ce serait hien long ; d'ailleurs chacun porte
en lui-même une réponse à cette question, réponse peu raisonnée en esthé-
tique, mais malheureusement fort concluante. C'est un sentiment qui tend
à justifier hien des écarts eu littérature, qui n'est pas toujours d'accord
avec le bon goût, avec les saines doctrines, avec la législation du Par-
nasse, mais qui triomphe chaque jour davantage de tous les articles du
code poétique   au    profit de cette    loi unique ; tous les genres sont   bons,

hors le genre         , nous n'achevons pas. Si notre goût s'est complètement
perverti, lâchons au moins de n'avoir pas l'impiété d'insulter aux grandes
ombres de nos poètes tragiques.
  Le genre qui règne aujourd'hui sur nos théâtres menace de devenir par
trop amusant, mais dans le sens tout à fait naïf et enfantin de ce mot !
Il est très légitime de rire ; cela peut être même fort littéraire quand c'est
l'esprit qui rit ; notre critique même n'est pas assez farouche pour faire
un grand crime aux auteurs d'appeler un tout petit           peu de décolleté à
l'aide de la verve     et   de la finesse charmante de Déjazet;     mais il faut
avouer que les danses de la grande Chaumière ont trop de tendances à
se substituer à toute espèce d'invention et de vraie gaité dans nos vaude-
villes ; Vn Bas bleu, Tndymion     dans lesquels M . Levassor s'est fait applau-
dir au théâtre des Célestins, sont vraiment des charges par trop grossières
et les auteurs pourraient tirer un meilleur parti des excellentes qualités
bouffonnes de Pohjdore      et de Jean    Gobin.

   Nous avons, au Grand-Théâtre, une nouveauté d'opéra comique qui vien-
drait très agréablement varier la monotonie du grand répertoire lyrique, si
elle tenait toutes les espérances qu'on pourrait tirer des éloges de la presse
parisienne. La Paît    du Diable a été prônée à l'égal des       Diamants de la
Couronne    qui a eu sur notre scène un si long succès. La pièce appartient
à ce genre impossible dont       M. Scribe se tire avec tant de bonheur, ce
sont toujours de ces rois cl de ces reines comme on n'en a jamais M I , de
ces aventures qu'on ne peut pas s'empêcher de trouver absurdes, mais qui
n'intéressent pas moins, seulement il faut qu'un auteur compte bien sur son