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COLRb DE LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE. M. EICCHOl'F. 1 1*J lit connaître le mouvement intellectuel qui s'y opérait, el la pensée française commença h prendre une autre direction. Pour les Allemands, ils ne nous occupaient pas encore, et dans le fait ils ne méritaient pas encore de nous occuper: nous leur souhaitons charitablement plus d'esprit el moins de consonnes. Enfin, cette vieille Germanie, qui semblait morte à la vie poétique el qui depuis des siècles et des siècles dormait comme son Barberousse d'un sommeil de plomb, se réveilla au bruit des canons français et fil sortir de ses entrailles fécondes tout un peuple de grands hom- mes. M""! de Staél se chargea de célébrer leur merveilleuse naissance, de les introduire chez nous avec leur blonde et mélancolique figure, et tous les regards se fixèrent aussitôt sur eux. Depuis lors le besoin de connaître les littératures étrangères est allé en croissant, et des chaires ont dû être créées pour lui donner satisfaction. Je ne sache pas que l'on ait contesté jusqu'ici l'utilité des cours de littérature étrangère : il faudrait pour cela fermer les yeu\ à la lumière du soleil. jVest-il pas évident qu'en nous initiant aux langues des autres peuples on nous met en état de nouer avec eux de plus nombreuses relations commerciales, el que l'on contribue ainsi au bien-élrc de tous? N'est-il pas évident aussi que la connaissance de ces langues étrangères favorise la diffusion des idées, leur échange de nation à nulion, et agit par conséquent de la manière la plus énergique sur les développements intellectuels de l'hu- manité entière? De même qu'un végétal ou un animal qu'on mettrait en dehors du grand tout, el qu'on enfermerait dans le vide périrait en peu de temps ; de même qu'un individu qu'on séparerait complètement de tout milieu social cl qu'on réduirait à vivre de sa vie propre el particulière tomberait bientôt dans l'idiotisme, comme l'indique félymologie de ce mot : ainsi une nation qui ne connaîtrait aucune des idées