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8G COURS DE LITTÉRATURE ANCIENNE. graves blessures, et ces blessures trahissent des êtres mortels : nous les admirons, nous ne les adorons plus. M. Démons, dont le cours nous suggère ces réflexions un peu longues, serait au besoin une preuve vivante de leur jus- tesse et de leur vérité. Tout professeur de littérature an- cienne qu'il est, il ne jure pas sur la parole des anciens, il ne les estime pas de parli pris, il ne professe par pour eux une de ces traditionnelles admirations qui n'ont yeux, ni oreil- les, et chez qui le comment et le pourquoi sont tout-à -fait hors d'usage. Il admire les anciens, mais son admiration est le produit de l'examen. 11 les admire, mais non pas aveuglé- ment cl sans restriction ; il lui arrive, au contraire, fré- quemment de reconnaître que les modernes leur sont supé- rieurs à certains égards. Ces jugements font honneur à M. Démons et prouvent qu'il est de son temps, et être de son temps pour un professeur de grec ce n'est pas peu de chose. Il faut un grand dégagement d'esprit el une abnégation personnelle peu commune pour se résoudre à croire el à dire que ce qui nous a coûté le plus ne vaut pas le plus sous tous les rapports, que des auteurs que tout le monde comprend sont aussi recommandables que ceux dont nous avons à peu près seuls la clé. C'est une chose si na- turelle, que le prêtre cherche à se rehausser à ses propres yeux et aux yeux des autres en rehaussant son Dieu! C'csi en même temps une chose si facile grâce à la disposition où nous sommes d'admirer es que nous ne romprenons pas el de nous ébahir devant ce qui nous dépasse de quelque façon que ce soit ! Omne ignolum pro magnifteo est. Le peuple au- rait moinsvénéré lesoracles si ceux-ci s'étaient mieux fait en- tendre; il prierait avec moins de respect si ses prières étaient écrites dans la langue vulgaire, el s'il savait ce qu'il dit quand il les fait. M. Démons s'est exclusivement occupé dans ces dernier!*