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Moi, quand mes souvenirs, dans leur course agitée,
Cherchent pour s'y poser un site harmonieux,
Je laisse la colline et la pente abritée
Pour tes bords dépouillés, mais que je connais mieux.

Car un instinct magique appellait mon enfance
Sur la terre sans arbre où sommeillent tes eaux ,
Et j'y venais tout seul, imitant ton silence,
Me cacher pour rêver entre les grands roseaux.

Ecoulais-je déjà quelqû'intime parole,
Sans que de jours meilleurs l'espoir me fut ôté,
Te présenter à moi comme le vrai symbole
De mon cœur si plein d'ombre et d'immobilité ;

Avais-je deviné que mon ame passive
Serait comme ton onde un immense miroir
Où viendraient se tracer les tableaux delà rive,
Mais en se pâlissant sous un reflet plus noir?

Je ne sais, mais j'aimais ton aspect monotone,
Les flottantes vapeurs de ton ciel sombre et gris,
Les feuilles que sur toi semait le vent d'automne,
El les groupes fuyards de tes oiseaux surpris.

C'est que dans la nature où règne l'harmonie,
Tous les sons d'un accord se cherchent pour s'unir;
C'est qu'à chaque pensée, et qu'à chaque génie
Un site inspirateur vient toujours s'assortir;

Que tout est pale et blanc dans la blanche Norwége ;
Que l'oiseau de malheur habite les vieux murs ;