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Cette tradition a, du reste, été continuée plus près de nous par les Labiche, les Scribe
et la littérature du siècle dernier.
      On pourrait croire, d'après toutes ces critiques, que dans les réceptions bour-
geoises du xixe siècle, on ne faisait présenter aux invités que des brioches de huit
jours, pétrifiées et soldées au rabais chez le pâtissier, et de l'eau plus ou moins fraîche
et vaguement sucrée.
      On se représente les couples affamés et altérés, s'enivrant tour à tour de musique,
vers ou chansons romantiques ou de quadrilles, de polkas, de valses, d'allemandes, de
hongroises ou de gualoppes éperdues, on les voit s'efforçant, pour prendre de nouvel-
les forces, d'atteindre un domestique fantôme, emportant les plateaux à pas furtifs et
précipités pour conserver indéfiniment intact un aussi délicieux contenu.
      Et encore c'était quand on faisait circuler quelque chose. Un dessin d'Henri
Monnier n'a-t-il pas pour titre et commentaire : Soirée de famille, 5 heures de musique
sans un rafraîchissement i
      Nous pouvons répondre en toute vérité à cette question. Nous avons trouvé une
documentation précieuse et authentique. C'est le journal d'un bon bourgeois lyonnais
qui tenait les comptes de son ménage avec autant de minutie que ceux de son com-
merce. Ayant donné une soirée dansante le 2 mars 1833, il a inscrit sur son livre non
seulement tous les noms des invités, mais tout ce que lui ont coûté les boissons, les
mets qu'il a offerts, les accessoires qu'il a loués et ce qui a été consommé.
      Citons textuellement. Il y avait :
      11 papas
       8 mamans
      22 danseurs
      21 danseuses
       8 musiciens (il faisait bien les choses)

      70 personnes
dont 10 qui ont manqué (soit 60 personnes).
      — Il avait fallu louer :
      32 pieds de banquettes à o fr. 2 5 . . . . . . . . . . . . . . .      8 »
      i2quinquetsà 1 bec ofr. 50 . . . . . . *                              6 »
      —On avait acheté :
      9 bougies                                                             2 75
(et il observe pour une autre fois : il y en a cinq qui ont fort peu d'usé, la moitié
aurait suffi).
      2 vases de fleurs pour la cheminée . . . . . . . . . . . . . .        3 50
      12 bouquets violettes                                                 o 50
      12 litres huile de lampe pour 24 becs . . . . . . . . . . . . .       7 20
      1 sabottière     . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .