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      A vingt-six ans à peine, Antoine Lacroix était donc en possession de
deux des plus importantes situations de notre ville. Sa charge de trésorier
lui valait de magnifiques revenus et son titre de grand obéancier de Saint-
Just faisait de lui, malgré son jeune âge, une des personnalités les plus
considérées du clergé lyonnais. L'église de Saint-Just était, en effet, la
première collégiale et paroisse de Lyon par ordre de préséance. Les mem-
bres de son chapitre portaient le titre de barons de Saint-Just, Brignais,
Grézieux et Valsonne. Leur chef ou grand obéancier était l'orateur-né du
clergé de Lyon et, en cette qualité, portait la parole aux entrées des rois, des
papes et de leurs légats; il était de plus le représentant direct du clergé
auprès des autorités consulaires de la ville, (i)
      Messire Antoine Lacroix était à Lyon depuis quelques mois à peine
lorsqu'il se décida à visiter l'Italie. C'était, à cette époque, malgré les diffi-
cultés des moyens de transport, le pèlerinage obligé de tous ceux qui s'inté-
ressaient aux arts. Le chanoine de Saint-Just quitta notre ville vers la fin de
l'année 1734 en compagnie de trois Lyonnais de ses amis, Messieurs Datti-
gnat, Verdun et Genève l'aîné ; ce dernier était un dessinateur fabricant
très renommé.
      A Rome, l'abbé Lacroix fréquenta beaucoup les artistes et s'enthou-
siasma plus particulièrement pour le talent de Michel Ange Slodtz, qui passait
pour le plus habile sculpteur italien de son époque. Une des plus belles
œuvres de cet artiste était un superbe groupe de Diane et Endymion, dont
M. Dattignat fit l'acquisition sur les instances de son ami le chanoine.
Quant à celui-ci, son choix se porta sur deux bustes en marbre blanc repré-
sentant, l'un Chrysès prêtre d'Apollon, l'autre une prêtresse de Diane.
      En même temps qu'ils fréquentaient le célèbre sculpteur italien, les
voyageurs lyonnais faisaient la connaissance d'un jeune architecte français
d'environ vingt et un ans qui terminait ses études à l'Académie de Rome
sous la direction de François de Troy. C'était Jacques Germain Soufflot.

      (1) Il existait à Lyon, au dix-huitième siècle, sept églises collégiales : Saint-Just, Saint-Paul, Fourvières^
Saint-Nizier, Saint-Martin d'Ainay, Notre-Dame de la Platière et Saint-Irénée.
      L'église primatiale de Saint-Jean ne fut érigée en paroisse que lors du Concordat. Jusqu'à la Révolution
elle était simplement église métropolitaine et les chanoines de Saint-Jean, comtes de Lyon, dépendaient, en
tant que paroissiens, du curé de l'église de Saint-Etienne, laquelle faisait partie des bâtiments de la cathédrale
et était considérée comme la paroisse du chapitre.