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comme toutes celles de l'antiquité, comme toutes celles des temps moder-
nes, eut à souffrir, au cours des siècles, de bien des sinistres partiels. En
l'espèce, nous avons deux raisons péremptoires de n'incriminer point le
désastre arrivé sous le règne de Néron. D'abord, ainsi que nous l'avons fait
observer à propos de la mosaïque Macors, le feu ne ravagea point cette fois,
selon toute probabilité, les quartiers situés hors de la ville coloniale propre-
ment dite, au delà de la Saône ; il ne ravagea que Lugudunum, la ville bâtie
sur une seule colline, uni imposita montil, sur la colline de Fourvière. Puis,
la mosaïque en question n'existait pas au temps de Néron : elle est à coup
sûr de l'époque antoninienne, d'une époque où la fusion du tessellatum et du
vermiculatum était accomplie, et non pas même du commencement de cette
époque, mais d'un âge où le cadre ornemental s'était développé au préjudice
du tableau pittoresque, où le tableau s'était morcelé, où l'unité de sujet ne
préoccupait guère les artistes 3 . Y a-t-il le moindre rapport entre les saisons
et ce combat de l'Amour avec Pan, qu'elles flanquent? Notre mosaïque
appartient à une espèce nombreuse, où quatre figures allégoriques, en par-
ticulier celles des quatre saisons, « servent à meubler les coins des pave-
ments carrés » ou rectangulaires, « quels que soient le sujet et la disposition
du tableau central » 3. La mosaïque du Verbe Incarné nous fournira l'occa-
 sion d'en parler plus longuement. Bref, le plus ancien des trois pavés su-
perposés de la Déserte ne remonte pas au delà du second siècle. Steyert 4
 conjecture qu'il fut enseveli sous les décombres après la victoire de Septime
 Sévère sur Albin, en 197 ; quant à l'édifice qui abritait le pavé intermédiaire,
 les soldats d'Aurélien l'auraient détruit en 273. Ces deux hypothèses ne
 sont pas invraisemblables, et l'assertion du même auteur qui place la ruine
 du troisième édifice « dans la suite des temps » est aussi sage que vague.

     2. Que sont         devenues ces trois mosaïques fragmentaires, et d'abord
quelles parties en       furent sauvées au moment de la découverte? Steyert 5
prétend que tout         tut sauvé, puisqu'il prétend que la plus ancienne fut
« réservée pour le       musée avec les deux autres débris ». Des deux témoigna-
   1. Sénèque, ouv. cité, § 10.
   2. Voir Gauckler, article Musivum, dans Dict. des Antiq.gr, et rom., p. 2.110-2.112.
   3. Ibid,, p. 2.119.
   4. Ouv. cité, p. 455.
   5. Ibid., p. 276.