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— 40 — comme toutes celles de l'antiquité, comme toutes celles des temps moder- nes, eut à souffrir, au cours des siècles, de bien des sinistres partiels. En l'espèce, nous avons deux raisons péremptoires de n'incriminer point le désastre arrivé sous le règne de Néron. D'abord, ainsi que nous l'avons fait observer à propos de la mosaïque Macors, le feu ne ravagea point cette fois, selon toute probabilité, les quartiers situés hors de la ville coloniale propre- ment dite, au delà de la Saône ; il ne ravagea que Lugudunum, la ville bâtie sur une seule colline, uni imposita montil, sur la colline de Fourvière. Puis, la mosaïque en question n'existait pas au temps de Néron : elle est à coup sûr de l'époque antoninienne, d'une époque où la fusion du tessellatum et du vermiculatum était accomplie, et non pas même du commencement de cette époque, mais d'un âge où le cadre ornemental s'était développé au préjudice du tableau pittoresque, où le tableau s'était morcelé, où l'unité de sujet ne préoccupait guère les artistes 3 . Y a-t-il le moindre rapport entre les saisons et ce combat de l'Amour avec Pan, qu'elles flanquent? Notre mosaïque appartient à une espèce nombreuse, où quatre figures allégoriques, en par- ticulier celles des quatre saisons, « servent à meubler les coins des pave- ments carrés » ou rectangulaires, « quels que soient le sujet et la disposition du tableau central » 3. La mosaïque du Verbe Incarné nous fournira l'occa- sion d'en parler plus longuement. Bref, le plus ancien des trois pavés su- perposés de la Déserte ne remonte pas au delà du second siècle. Steyert 4 conjecture qu'il fut enseveli sous les décombres après la victoire de Septime Sévère sur Albin, en 197 ; quant à l'édifice qui abritait le pavé intermédiaire, les soldats d'Aurélien l'auraient détruit en 273. Ces deux hypothèses ne sont pas invraisemblables, et l'assertion du même auteur qui place la ruine du troisième édifice « dans la suite des temps » est aussi sage que vague. 2. Que sont devenues ces trois mosaïques fragmentaires, et d'abord quelles parties en furent sauvées au moment de la découverte? Steyert 5 prétend que tout tut sauvé, puisqu'il prétend que la plus ancienne fut « réservée pour le musée avec les deux autres débris ». Des deux témoigna- 1. Sénèque, ouv. cité, § 10. 2. Voir Gauckler, article Musivum, dans Dict. des Antiq.gr, et rom., p. 2.110-2.112. 3. Ibid,, p. 2.119. 4. Ouv. cité, p. 455. 5. Ibid., p. 276.