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— 29 — LA CHANSON DU SEAU DU PUITS Dans la cave du puits je descends, échanson de l'eau, — l'eau qui baptise et désaltère et rince, — tandis que ma poulie au-dessus de moi grince pour faire à ma descente un ruban de chanson. Et quand j'arrive à fleur de source, je chancelle ; et l'eau dormante emplit mon fer-blanc bosselé ; et je titube, en remontant, pour ruisseler, aimant le rire frais de l'onde qui ruisselle. Et le miroir du puits soudain va s'affranchir de mon image, au fil de l'eau, qui surnage — elle ! — quand je vais, en quittant le puits pour sa margelle, lui rendre un rond de ciel d'azur à réfléchir. Mais les nuits d'août, lorsque le puits, l'étang, la mare volent au firmament l'errante Séléné et, barque d'or ravie au ciel abandonné, silencieusement dans leur onde l'amarent,