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 sions du même genre par l'étendue de son ressort et l'universalité de ses
 attributions, cette Cour de justice a encore emprunté à l'époque même de
 son établissement un caractère remarquable d'opportunité et de grandeur.
 De plus, si l'on prend les registres d'un parlement quelconque et si l'on
 étudie ses arrêts pendant une période d'une vingtaine d'années, on y trouve
 sans doute toutes les espèces de causes susceptibles d'être portées devant
 une cour judiciaire, mais en un temps où il était loisible au pouvoir de mo-
 difier la loi suivant son bon plaisir, il est difficile de trouver une série aussi
 complète d'affaires jugées sous l'empire des mêmes principes généraux de
 droit. La Cour des Grands jours de 1596, protégée par la brièveté de sa
 session contre les dangers d'une jurisprudence trop mobile, venant au len-
 demain de longues années de luttes civiles et religieuses raffermir les saines
notions de la morale et du droit, fut comme l'arbitre désiré de tous les inté-
rêts froissés par la violence et le désordre. Il faut ajouter qu'il fallut bien
 que l'esprit et l'action de son pouvoir fussent dirigés par une complète
 unité de vue pour qu'en trois mois, tous les germes de dissolution sociale
aient été anéantis. Rien ne pouvait, en effet, échapper à sa pénétrante solli-
citude ; toutes les immunités tombaient devant son droit d'investigation et
de contrôle et la discipline intérieure des couvents dût, comme les abus
féodaux, subir l'autorité de son pouvoir réformateur. Enfin la Cour prit, à
maintes reprises, l'initiative de prescrire des formalités spéciales de procé-
dures et de poser de nouveaux principes qui mettaient mieux en accord la
sagesse inflexible du législateur avec les difficultés de cette époque troublée.
      Pleins d'énergie et d'activité, les magistrats de la Cour des Grands
jours travaillèrent à rétablir l'ordre et la justice dans le ressort qui leur
avait été assigné. Ils sévirent aussi bien contre les grands seigneurs, contre
la magistrature locale et contre les gens d'Eglise que contre les criminels ou
les délinquants d'ordre inférieur. Les personnages les plus considérables de
cette région furent cités devant leur juridiction, et de nombreux seigneurs
d'importance et gentilshommes titrés furent l'objet de condamnations
sévères. Sans doute, bien des sentences, rendues par contumace, ne furent
pas suivies d'exécution réelles, ou purent être éludées par les moyens dont
disposaient des familles puissantes, mais l'effet moral n'en dut pas moins
être considérable, et ce fut un des moyens les meilleurs qu'employa le pou-