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surtout la maquette du tombeau pour le maréchal de Turenne faite par
Legros et deux œuvres du célèbre sculpteur italien Michel Ange Slotz.
Le tombeau du maréchal de Turenne avait été commandé à Legros par le
cardinal de Bouillon pour être érigé en l'église de Cluny, mais la disgrâce
subite du cardinal avait empêché l'achèvement de ce monument dont il ne
restait plus que la maquette léguée à Antoine Lacroix par Monsieur de
Sève.
     Quant aux œuvres de Slotz, c'étaient les deux bustes en marbre blanc
achetés à cet artiste par l'abbé Lacroix lors de son voyage à Rome en 1734.
L'un représentait Chrysès, prêtre d'Apollon, « morceau d'inspiration subli-
me dans lequel on reconnaissait l'inspiration du Dieu dont Chrysès était le
ministre » (1). L'autre buste, formant par sa grâce le plus heureux contraste
avec le premier, était une prêtresse de Diane : « Tête admirable par la
pureté du style, par sa simplicité noble, sa tranquillité profonde qui rendent
d'une manière si touchante l'innocence et le recueillement » (2).
      Dans sa délicieuse demeure, l'abbé Lacroix recevait de nombreux
amis, parmi lesquels se distinguaient Messeigneurs de Grimaldi, évêque de
Rodez, et Tinseau, évêque de Nevers ; Cogell, peintre de la ville, un des
premiers professeurs de l'école gratuite de dessin, qui devait continuer à
ses frais l'œuvre d'Antoine Lacroix pendant la tourmente de la Révolution ;
l'architecte Perrache ; Genève l'aîné, etc. Il se plaisait à réunir autour de lui
ses confrères de l'académie ainsi que les hommes de lettres et les artistes
qui se trouvaient de passage à Lyon. Très affable et spirituel, d'un abord
facile et charmeur, il s'intéressait surtout aux jeunes gens chez lesquels il
discernait quelques lueurs d'un talent naissant, il les encourageait, les pro-
tégeait, les aidait de ses conseils et de sa bourse au besoin, et il fut pour
certains d'eux un véritable mécène.
    Débarrassé des soucis inhérents à sa charge de grand obéancier de
Saint-Just, le bon chanoine comptait finir ses jours heureux et tranquille


    (1). Eloge de feu M. l'abbé Lacroix, obéancier de Saint-Just, par M. Deschamps, de l'Académie de
Lyon (extraits publiés par le Journal de Lyon 1786).
    (2). Idem.