Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
          LE BONHEUR DE M0 B.-N. DUFLOT.                   149

                    RENÉE. (Seule.)

                        Pétrus n'est pas la fleur
  Des hommes que je vois. Il est commun, sans grâce ;
 Son nez, ses yeux, sa voix, sentent la piètre race ;
 Et s'appeler Pétrus, par dessus le marché !
 Comment mon pauvre père en est-il entiché ?
 Pétrus ! en vérité, c'est par trop ridicule,
 Pourquoi pas Joannès, pourquoi pas Trasybule,
 Pourquoi pas Claudius? vraiment, ailleurs qu'ici,
 Il n'est pas d'être humain que l'on appelle ainsi ;
 Et puis, rien, rien de rien, de bonne compagnie.
 Ce serait à pleurer          non, c'est mieux que j'en rie,
 Le futur n'est pas beau, mais je crois que papa
 N'était pas autrefois plus riche en ce sens là ;
 Et maman cependant, maman qu'on dit si belle,
 Maman l'a bien aimé           je puis faire comme elle
                (Elle semble réfléchir et reprend,)
Quand je dis que maman l'a bien aimé, j'ai tort ;
Je crois que son amour n'a pas été bien fort
                                    (Après un silence.)
 On peut donc n'avoir pas d'amour en mariage ?
Or, si ce n'est l'amour qui mène le ménage,
Si l'on peut s'en passer, — je ferai dans le mien,
Comme j'ai vu maman le faire dans le sien
Eu maris complaisants papa doit se connaître,
Bien qu'il me dise à moi que l'époux est le maître ;
Je vois bien qu'il se trompe, et que seule maman
Mène de la maison tout le gouvernement.
Papa, lui, pour puissance a de garnis" la caisse,
Et je vois que maman fort peu moisir la laisse.
Cela m'irait assez, si je faisais ainsi,
Et si j'étais chez moi seule maîtresse aussi.
                                   (Avec un sourire.)
J'ai de l'esprit... pour deux; j'ai de l'aplomb pour quatre,
Et je n'ai pas des flancs vraiment pour me les battre