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NOTICE SUR M. L'ABBÉ JOUVE. 63 Ces deux quatuors furent exécutés à Lyon,chez M. Cherblanc, en février 1839. Voici en quels termes ils furent appréciés, étant encore inédits, par deu* amateurs distingués, sur une simple audition : « Il me souvient, dit M. Morel de Voleine, d'une musique calme, limpide, semée de chants heureux, de tournu- res élégantes, de piquantes combinaisons ; et, j'en rends grâce au compositeur abondant et sagement contenu, érudit dans les arcanes du contre-point et tenant en bride l'affectation de la science. Dieu merci, il n'a pas voulu renchérir sur la métaphy- sique musicale des Allemands ; si son harmonie annonce l'étude des grands théoriciens, sa phrase a presque toujours la marche facile et gracieuse des Italiens ; il est resté lucide et n'a usé des for- mes scholastiqucs qu'autant qu'il le fallait pour régulariser son discours, et non pour fatiguer l'esprit avec un infernal galop de dissonnances, de suspensions et d'imitations trop serrées (1). » — « Cette musique, qui est toute du passé par la forme, dit à son tour M. Sain d'Ârod, appartient au présent par la pensée qui l'a dictée et le goût qu'elle décèle de la part de son auteur. Cependant, elle semble refléter particulièrement le caractère et les tendances de l'époque vers laquelle elle vous reporte, et qui sont les essais produits dans son enfance par Joseph Hayden, dont M. l'abbé Jouve a pu voir lui-même les précieux manuscrits dans les bibliothèques de Vienne, de Munich, de Leipzick et de Prague, pendant le voyage musical qu'il a accompli au sein de l'Allemagne..... Le Menuet du premier quatuor est charmant ; il ne peut que gagner encore à être plus développé ; l'Andante est très-bien traité, et pourrait être signé de la main d'un maî- tre. Le second se distingue par le même mérite que le précédent; il nous a semblé encore plus court, et nous avons regretté de voir se terminer si promptement une idée si clairement dessinée, un thème à la fois si agréable et si distingué que celui qui en fait le début. — En un mot, et quelles que soient d'ailleurs leurs proportions, ces deux quatuors sont l'œuvre d'un homme (1) Gazette de Lyon, 10 mars 1859. i