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268 J. TERRAS ET C e .
les misères de la rue Noire, elle s'en fut planter sa tente au
grand jour, a la Croix-Rousse, sur ce mont sacré du tissage.
L'a, pendant plusieurs années , elle tira bon parti de son
adresse merveilleuse, en exerçant avec fruit toutes les peti-
tes professions de femme, accessoires obligés de l'industrie
locale et connues sous le nom de : tisseuse, plieuse, remet-
teuse, lordeuse, et autres spécialités à rime malheureuse-
ment trop facile pour les mauvaises langues, qui ne s'y épar-
gnèrent point; non pas que Fanny Bouchut, par sa conduite,
y prêtât plus qu'une autre, mais rien n'aiguise la médisance
comme le succès.
Quoi qu'il en soit, elle était arrivée sans encombre, et
avec quelques économies, aux abords de la trentaine lorsque
Jérôme Terras, avec un discernement qui l'honore, remar-
qua l'appétissante tordeuse, et, non moins séduit par ses
qualités solides que par ses avantages physiques, conçut
l'idée d'en faire la compagne légitime de sa destinée. Elle en
devait être la providence visible; et le simple Jérôme, qui
n'eut jamais beaucoup d'idées, put se flatter d'en avoir eu,
cette fois, pour le restant de ses jours. À dire vrai, ce fut
bien elle qui l'enjôla. La fine mouche n'avait garde de laisser
échapper un homme de quatre métiers ballants, plus un cœur
si bien disposé à battre aussi pour elle. Jérôme avait hérité
de ses parents cette boutique respectable et quelques écus.
Seulement la boutique marchait médiocrement sous la di-
rection débonnaire de Jérôme, bon ouvrier par lui-même,
mais plus capable de bien faire que de bien commander.
Les choses changèrent bien de face lorsque Mme Terras,
à son avènement, prit d'une main ferme,les rênes de l'em-
pire. Apprentis et ouvriers durent marcher a la baguette
sous cette sévère direction de la nouvelle bourgeoise. L'ou-
vrage sorti de l'atelier de Jérôme Terras se distingua par une
exécution si parfaite que les fabricants se disputèrent ses