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POESIE. LES LARMES DES CHOSES ODE Suiav lacTiiûœ ïervsm et mentem mortalia tan^um. VIRO. MveiA. I, T. ^66. I, Les choses ont des pleurs qui font pleurer les hommes ; Les maux sont nos seuls biens, les plaisirs nos fantômes : Qui connut les chagrins sans plaindre la douleur? Mortels, comme sur vous, les sombres destinées Sèment, sans les compter, les fatales journées, Sur l'insecte, l'arbre ou la fleur. Oui, la fleur dont la teinte enivre notre vue, Quand son glas a sonné, quand son heure est venue, Toute vive s'éteint sous le soc meurtrier; Et l'orme dont d'épais rameaux ornent le faîte, Quand la hache l'exige abandonne sa tête Au fer que son tronc fait crier. L'insecte a même sort : dans le pli d'une rose, Qu'avide de parfums une abeille se pose, La fauvette y surprend le travailleur ailé Puis le mange, pendant que la cruelle ignore Qu'un reptile enlaçant ses petits qu'il dévore, Se tord dans son nid dépeuplé : Et ce qui meurt n'est pas ce qui peut sur la terre Le plus briser le cœur immense d'une mère ! Mais qui dira ses nuits, qui nous dira ses jours Quand un vol imprévu lui dérobant sa fille, Livre au vil bateleur, au mendiant, au drille, Ce fruit de ses chastes amours?.*. 6