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130 l'ElNTUKES MURALES. C'est l'amour qui a tout fait, et le mot Charitas inscrit en lettres d'or dans un cartouche le redit à ceux qui ne comprendraient pas le langage du Symbole. Telle a été, si nous ne nous trompons, la pensée de M. Sublet, elle lui fait honneur ; elle témoigne de la largeur et de l'élévation de ses conceptions, non moins que de la vivacité de sa foi. Il a choisi le sujet le plus touchant comme le plus sublime oour être retracé sur ces murs, et, sans doute, il a voulu par là inviter les saintes âmes qui les habitent à s'associer par la prière au rôle de la sainte Vierge et à se faire, à son exemple, les coréiemptrices de l'humanité. La donnée est vaste, comme on le voit, et en l'adop- tant, M. Sublet s'est imposé une tâche à la hauteur des plus illustres maîtres. On pense malgré soi à Àngelico, au Pérugin, à Raphaël, à Michel-Ange, etc. Il faut là le style épique et une forme des plus savantes et des plus élevées. Nous pouvons dire cependant que, dans l'exécution, le peintre s'est dignement inspiré de son sujet et qu'il a su, à première vue, impressionner fortement le spectateur. Au sommet de sa composition, M. Sublet a placé le Père Eternel, et cette manière d'exprimer par le type de la jeunesse Celui qui n'a ni déclin ni aurore, quoiqu'elle diffère un peu de la représentation populaire, n'est pas sans vérité et sans charme. Elle favorise en cette circons- tance l'intention du peintre, en communiquant au visage du Père quelque chose de doux et d'apaisé. On comprend bien qu'après avoir déchargé ses coups sur son Fils inno- cent, sa justice est complètement satisfaite. Auprès du Christ sont des Anges aux tuniques flottantes; ils tiennent chacun une coupe : dans l'une est le sang ré- dempteur; dans l'autre, l'eau mystérieuse échappée du côté de Jésus, et l'Église aime à voir en eux les deux sources prophétiques où le chrétien va puiser et entretenir sa vie (1). (1) Haurietis aquas in gaudio de fonlibus salvatoris. Isaïe, ch.xn, v. 3.