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                     DU CULTE DE SAINT JEAN.                     497

rifier et de faire prospérer tous les êtres, et il ne resterait plus
aucun doute pour nous sur l'origine des croyances populaires
attribuant au feu de la Saint-Jean la vertu de purifier, de bénir,
de consacrer pour ainsi dire tout ce qu'il touche.
   Quant aux festins dont parle Bossuet et qui suivaient ces
feux, ils ont évidemment la même origine. Les grandes solen-
nités du paganisme du Nord étaient généralement accompagnées
d'un banquet auquel prenait part la communauté entière. Chez
les Romains, dans les temples, après les sacrifices publics, les
prêtres, les popes, les victimaires se partageaient les restes des
sacrifices, chairs et gâteaux, ce que l'on appelait le polluctum.
Dans les sacrifices privés, les sacrifiants remportaient le polluc-
tum et en faisaient des repas à leurs amis. « La manducation
de !a chair des victimes, dit M. Auguste Nicolas, dans tes Etu-
des philosophiques sur le christianisme, se retrouve chez tous
les peuples et à toutes les époques, comme faisant partie inté-
grante du sacrifice. » Les païens se flattaient dans cette circons-
tance de manger avec les dieux; idée bien remarquable, dit
l'auteur que nous venons de citer, et dans laquelle il voit le pres-
sentiment de tous les peuples anciens pour le sacrement de l'Eu-
charistie.
   Viennent maintenant les herbes et les fleurs de la Saint-Jean,
dont on connaît toute la célébrité, surtout dans le midi de la
France. Le peuple de ces contrées attache à ces plantes des ver-
tus superstitieuses ; il est persuadé que, si elles ont été cueillies
le jour même avant le lever du soleil, elles sont propres à gué-
rir beaucoup de maux.
   En parcourant,dans l'Histoire naturelle de Pline, les nombreu-
ses superstitions romaines ou celtiques dont les plantes étaient
l'objet, on est frappé des rapports que présentent ces supersti-
tions avec les plantes de la Saint-Jean. M. Breuil en cite les
exemples suivants : En Allemagne, le jour de la nativité du Pré-
curseur, on suspend des racines d'armoise au-dessus de la porte
de la maison, et, par ce moyen, on croit préserver de tout mal
l'asile domestique. Quelques personnes se font aussi des cein-
tures avec des fleurs de cette plante; un proverbe superstitieux