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86                          BES ARMOIRIES
la science héraldique étaient à peu près fixés, un membre d'une
branche cadette se fût dispensé de mettre la brisure sur ses armes
si ses aïeux y eussent été soumis.
   D'un autre côté, nous voyons, au contraire, que la seconde
race des seigneurs de Beaujeu, issue des comtes de Forez, à lafin
du treizième siècle, portait, non pas l'écu de Forez (car, comme
vous l'avez montré par plusieurs exemples, à cette époque les
familles prenaient les armoiries de la terre et non la terre celles
des familles), mais celui du Beaujolais, brisé d'un lambel, pour
constater sa descendance indirecte.
   Maintenant, un mot sur ce fameux lion des sires de Beaujeu.
De La Mure, pour l'expliquer, n'a rien trouvé de mieux que de le
leur faire emprunter aux comtes de Lyon, dont il les fait descen-
dre. Notre bon chanoine n'était pas embarrassé pour éclaicir
certains faits obscurs de notre histoire. C'est ainsi que, pour
expliquer la mention des comtés de Feurs et de Roanne dans cer-
tains actes du dixième siècle, il a inventé un partage du comté
de Lyon fait par un de nos princes entre ses enfants, partage qui
n'a jamais eu lieu. De même qu'en sa qualité d'historiographe
de Louis XIV, il ne pouvait admettre l'existence du roi de Bour-
gogne Conrad sans l'agrément du roi de France Lothaire, de
même il n'admettait pas que les sires de Beaujeu se fussent créé
un fief indépendant en Lyonnais sans l'agrément des comtes de
Lyon ; et quel plus naturel agrément qu'une concession pater-
nelle ! Mais, tout cela n'est pas plus solide qu'un château de car-
tes. Il est évident, comme vous le dites (p. 16), qu'on ne peut faire
remonter à un cadet de la maison de Forez, vivant un siècle au
moins avant la première croisade, l'adoption des armoiries de ses
prétendus aïeux, qui eux-mêmes n'en pouvaient point avoir alors.
   Il faut donc chercher ailleurs que dans une parenté probléma-
tique (1) l'origine des armoiries des sires de Beaujeu. Or, quoi

  (1) J'espère pouvoir prouver bientôt que non-seulement les seigneurs de
Beaujeu de la première race ne descendaient pas des comtes de Lyon, nids,
qu'ils furent toujours leurs adversaires, qu'ils leur enlevèrent une partie
de leur territoire (particulièrement le canton où fut fondé plus tard Ville