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	6                             POÉSIE.
       Moi, l'amoureux de l'ombre et l'écho des grands bois,
       Fidèle au gui sacré, couronné de verveines,
       Je n'ai pas visité tes vieux temples gaulois,
       « O terre de granit recouverte de chênes (i)! »
       Mais, du fond des cités et surtout des déserts,
       Hôte ignoré de toi, j'ai fréquenté ton âme ;
       J'ai vécu de ta vie et brûlé de ta flamme,
       J'ai rendu témoignage au vrai Dieu que tu sers.
       Combien parmi tes fils n'ai-je pas eu de frères,
       Toi qui nous mis à tous notre harpe à la main !
       Tes bardes, les premiers, m'ont tracé le chemin,
       Et je glane après eux dans le champ de vos pères.
       Ma Muse, en butinant le seigle et le blé noir,
       Suivit, sous les pommiers, sur la lande fleurie,
       L'abeille de Brizeux au jardin de Marie ;
       Elle a bu de ton cidre au seuil du vieux manoir.
notre humble foyer pour adresser à notre mère, la Bretagne, un
magnifique hommage.
   Oui, Poète, votre hommage à la Bretagne causera à tous les
Bretons une joie et une émotion profondes, — encore moins pour
être l'œuvre d'un grand talent que le cri d'un grand cœur.
   Et pourtant il y a ici deux vers contre lesquels nous protesterons
tous. — La Bretagne? dites-vous, « ne vous connaît pas, » elle vous
« ignore ! » Ah ! détrompez-vous, retire^ cette parole, ce serait
trop nous faire injure
  Il y a longtemps que nous vous connaissons, nous vous admi-
rons, nous vous aimons, — longtemps que nous vous regardons
comme un des nôtres, un vrai Breton de tête et de cœur, et plût à
Dieu que tous les Bretons de race eussent autant de droits que vous
àseparerde notre vieille devise nationale : Potius mori !....
                                  ARTHUR DE LA BORDERIE,
    ( I ) Vers de Brizeux.
					
		