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	POÉSIE. 7 Que de fois j'ai serré cette main franche et brusque ! Et comme avec amour, au soleil de ses vers, Je cueille et je respire, en dépit des hivers, Ta fleur d'or radieuse en son beau vase étrusque ! Jeune encore et tremblant, j'approchai de celui Qui menait le grand deuil des dieux et des ancêtres; J'ai vu René sourire en son sublime ennui ; Moi chétif, j'entendis ce maître de nos maîtres. Tout un siècle a germé de ce cœur soucieux ! Son vol dans l'idéal nous a frayé la route ; Aux froids ricanements du blasphème et du doute Il arracha la Muse et lui rouvrit les cieux. Sois fière et dans ce fils reconnais ton génie! Il montra le premier, fidèle à tous les droits, Un citoyen debout devant la tyrannie, Un poète, un penseur courbé devant la croix. Je veux, mère des saints, des héros et des bardjes, M'unir par un hommage à tes vaillants esprits : J'ignore à deux genoux ceux que Dieu t'a repris, . Et je tends m"es deux mains à ceux que tu nous gardes. Accueille, au milieu d'eux, vassal ou compagnon, Ce pèlerin venu de la pauvre contrée Où d'Urfé promena les bergers de VAstrée. Dans ton large Océan reçois notre Lignon. Je viens comme l'idylle aux pieds de l'épopée. Comme le pâtre admis devant le chevalier, Soldat du même Dieu, docile et familier, J'incline mon bâton devant ta grande épée. Nous avons eu, pourtant, nos martyrs, nos héros; Les vieux murs de Lyon en savent quelque chose. Durant vos grands combats et pour la même cause, Notre sang a coulé sous les mêmes bourreaux.
