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        LES A R T I S T E S LYONNAIS AU SA|LON DE 1881              449
 ment renvoyé à ses fresques, on lui a interdit la peinture de cheva-
let, sans remarquer que qui peut le plus peut le moins, et le moins
n'est certes pas la peinture à fresque. Il serait seulement à souhaiter
 que M. P. de Chavannes n'exagérât pas la simplicité des formes et
le mépris des détails.
     MUe E. KOCH. — On s'arrête beaucoup devant la jolie toile que
    lle
 M Élisa Koch a intitulée Un malheur, et ce succès se comprend
 aisément. Le sujet est bien choisi et encore mieux rendu. Une petite
 fillette blonde et potelée vient de laisser tomber le pot au lait. Est-
 ce en faisant des châteaux en Espagne? Possible: on rêve à tout
 âge. Quoi qu'il en soit, notre fillette se cache le haut du visage avec
 le bras gauche autant pour dissimuler sa confusion que pour se
 garer contre une correction imminente. Mais ce bras, d'un mou-
 vement hardi et d'un dessin très heureux, ne recouvre qu'un œil;
l'autre traduit à merveille la crainte et la mutinerie de l'enfant
 gâtée qui sent sa faute, mais qui se demande, confuse et inquiète,
 si le vent est à l'indulgence ou à la sévérité. Soyez tranquille,
 Mademoiselle, il ne vous sera fait aucun mal, vous êtes bien trop
jolie; ni vos bonnes joues roses ni vos beaux cheveux blonds n'ont
rien à craindre.
    M. COURAJOD. — La Sainte Elisabeth de Hongrie de M. Cou-
 rajod est étendue à terre, les yeux axés sur un livre ouvert.
M. Courajod dessine bien, et se tire à merveille du raccourci. Mais
la couleur est grise. La future sainte est-elle dans l'extase reli-
gieuse ou simplement sur le point de succomber au sommeil? il
est difficile de rien préciser, la physionomie permet ces deux sup-
positions ; pour moi je pencherais vers la seconde.
    M. HERVIER. — Il y a vraiment de très bonnes choses dans le
tableau de M. Hervier, Dante et Giotto. L'élève de Gimabué, des-
cendu de son échafaudage, quitte un moment la fresque commencée
que vient examiner Dante. On ne comprend pas très bien pour-
quoi Giotto tourne le dos à son ouvrage ; on aimerait mieux, ce
me semble, le voir, par l'attitude, par le geste, expliquer les dé-
tails de sa composition à son illustre visiteur. Quoi qu'il en soit,
les personnages de M. Hervier sont bien venus et d'un bon mouve-
ment. Pourquoi seulement a-t-il donné à l'auteur de la Divine
Comédie une physionomie si vulgaire?
   JUIN 1881 — T. I.                                        24