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 244                       LA R E V U E L Y O N N A I S E

  des lettres patentes à la suite desquelles elle prit le nom de Com-
  pagnie royale de N.-D. de Gonfalon. Un malin huguenot, le sieur
  d'Àubigné, raconte, à ce propos, l'histoire d'une peu vertueuse
  bourgeoise lyonnaise, fort désireuse de recevoir le roi dans son in-
  timité. On avait à dessein, dans une de ces processions, confié le
  rôle insigne, mais embarrassant de porte-croix au mari peu accom-
 modant. En arrivant proche de sa maison aux fenêtres de laquelle
 il entrevit un chapeau, le bonhomme, fort jaloux et méfiant à bon
 droit, tomba en « un esvanouissement vrai ou simulé. » D'Antra-
 gues et du Halde, ses compagnons et surveillants durent le trans-
 porter en son logis et s'employer à faire sortir promptementHenri III
 qui, sous la discrète cagoule de l'un d'eux, rejoignit le pieux défilé
 sans encombre \ Balthazard ne dut guère approuver ces jeux de
 prince auxquels, sans doute, il se trouva inconsciemment mêlé.
    M. de Langes ayant remis à son gendre sa charge de lieutenant
 général à Lyon, ce dernier, après avoir prêté serment au parle-
 ment de Paris, entre les mains de M. de Harlay, fut agréé en cette
 qualité, le 30 avril 1587 2 .
    On retrouve dans le manuscrit des Harangues le discours qu'il
 prononça à l'Assemblée des trois Etats convoquée à Blois en 1588.
 Il y fait l'éloge de la sagesse de Louis XI, trace un tableau général
 des désordres de 1562, des malheurs qui furent la suite des guerres
 de religion, et dit qu'à cette époque la France devait cent mil-
lions.
    Mais Balthazard ne devait pas longtemps jouir en paix des succès
dus à son éloquence et à son savoir. Quoique fervent catholique,
il refusa d'embrasser le parti de la Ligue et tint courageusement le
serment de fidélité qu'il avait prêté à Henri III. Le 24 février 1589,
les Lyonnais s'étant déclarés pour l'Union, élèvent des barricades
et emprisonnent plusieurs notables accusés de tenir pour le roi.
L'estime dont jouissait B. de Villars fit que l'on se contenta de le
garder à vue dans sa maison de la rue du Bœuf3. Ses amis et en
particulier son frère Pierre V, récemment promu à l'archevêché de
Vienne, s'employèrent activement à le tirer de ce mauvais pas. A
 1
   Histoire universelle, du ai' d'Aubigisé. Maillé, J. Moussât. 1616-16^0.
 - Leltres de provisions du 15 mai 1537. Arch. de la Cour. Lyon.
 3
   Essais historiques sui' Lyon. Archives du Rhône. T. VIII.