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438 LA REVUE LYONNAISE vers, de palais et de villas. L'an 689 {alias 693), les Arabes qui avaient envahi l'Afrique, détruisirent de fond en comble la rivale de Carthage. Depuis cette époque, l'herbe et les ronces ont remplacé les palais et les temples romains; mais de grandes et majestueuses ruines subsistent encore aujourd'hui à Utique: un palais amiral, deux ports, un amphithéâtre, un hippodrome, des temples, des nécropoles, un aqueduc (qui allait chercher l'eau à 12 kilomètres), de vastes citernes publiques, dans lesquelles se déversait cet aque- duc et un nombre considérable de citernes particulières, situées au-dessous de chaque habitation. Du temps des Romains, la mer baignait la ville d'Utique. Aujourd'hui elle en est éloignée de 12 kilomètres. Certains savants prétendent que ce phénomène est dû à un soulèvement du sol; d'autres croient que la rivière de la Medjerdah a ensablé toute la contrée. Les partisans du système des soulèvements citent d'autres exemples analogues. L'exhaus- sement du sol par un ensablement qui "aurait rejeté la mer à Porto-Farina a trouvé également un grand nombre de parti- sans. Nous commençâmes nos fouilles le 8 février, dans une vaste né- cropole romaine, où nous avons recueilli un millier de vases aux formes gracieuses et variées. Nous trouvâmes ensuite de nombreux palais romains, toujours composés, comme on le sait, d'un atrium et d'un peristylum, c'est-à -dire de deux cours intérieures, entou- rées de colonnades. Dans ces palais, il y avait de superbes mosaï- ques parfaitement conservées. Nous eûmes la bonne fortune de retirer du sein de la terre deux belles statues en marbre blanc : l'une représentant Hercule enfant, l'autre, Bacchus portant une am • phore. Parmi nos trouvailles figurent des bijoux romains, des colliers de formes diverses, d'élégants bracelets. Au nombre des mosaïques, il s'en rencontre représentant des sujets mythologiques : Vénus guidée par les Amours,la mort d'Adonis. Il y avait à Utique, aux premiers siècles de l'ère chrétienne, un évêché. Le cimetièx-e chrétien de cette époque, au sud delà villa Ben - Ayad, a été retrouvé et fouillé par nous. Nous y avons recueilli d'intéressantes inscriptions chrétiennes portant toutes la formule in pace, comme celles-ci par exemple : Hamaniia mater fidelis, in pace. Ces inscriptions offrent le monogramme du Christ du