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VICTOR HUGO 413 Le système classique, longtemps fécond en chefs-d'œuvre, avait fini par épuiser toute sa sève en donnant ses derniers fruits : le sol était desséché et il était indispensable que des mains nerveuses vinssent le retourner pour y faire lever de plus riches moissons. C'est ce qui arriva. D'abord des esprits de moyenne étendue mais d'humeur libérale ou novatrice préparèrent le terrain. Beranger élargit le cercle étroit de la chanson. Népomucène Lemercier tenta en divers sens des réformes qui ne devaient aboutir qu'après lui. Casimir Delavigne prétendait être un élève des vieux maîtres mais un élève iudépendant. Alexandre Soumet, Guiraud, Pierre Lebrun, les deux Deschamps, Alfred de Vigny surtout, imprimèrent au vol de la Muse plus d'ampleur et plus d'élan. Mais les Premières Méditations de Lamartine et les essais juvéniles d'Hugo furent les deux éclatantes assises de la voie nouvelle qui allait s'ouvrir. * Nous avons dit qu'Hugo murmura des vers presque dès le berceau; les deux morceaux de poésie qui inaugurèrent l'aurore de son talent s'appelaient : le Riche et le Pauvre et la Canadienne; il venait d'atteindre à peine sa treizième année. Il concourut pour le prix de l'Académie française sur ce sujet honnête et inoffensif : les Avantages de l'étude. Dans la pièce qu'il envoya à ses juges, il commit l'imprudence de dire qu'il avait quinze ans, et il n'avait que quinze ans en effet : ceux-ci ne voulurent pas le croire; ils soup- çonnèrent une mystification et ils lui firent l'aumône d'une men- tion honorable. On a retrouvé récemment une curiosité bibliogra- phique datant de cette période. C'est une petite brochure, un poème de douze pages, une satire sur le télégraphe aérien, jetée dans le moule des épîtres d'Ancelot ou de Viennet et signé: Victor - Marie Hugo. Méconnu à Paris, l'auteur adolescent fut plus heureux à Tou- louse, où il conquit le titre de maître es jeux floraux, grâce à trois odes, irréprochables de forme et remarquables par l'élévation des idées, où il chantait le supplice des Vierges de Verdun, immo- lées en pleine révolution, le rétablissement de la statue d'Henri IV