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                            L E T T R E S DE VALERE                                  109
   ParMorin, Valère avait connu Henri Germain, aujourd'hui l'un
de nos plus gros financiers et président du conseil d'administration
du Crédit Lyonnais. En 1847, il écrivait à la Revue Nationale. Ce
fut lui qui, dans ses lettres envoyées de la Suisse, fit changer
d'opinion à la Revue, qui avait pris parti, un peu légèrement peut-
être, pour le Sunderbund. Il avait été élève de l'abbé Noirot, pro-
fesseur de philosophie au collège de Lyon. Avec quelques anciens
élèves, il le pria de faire aux amis un cours d'économie politique,
quifut, comme tout l'enseignement de l'abbé Noirot, remarquable
par un rare esprit de méthode. On se réunissait ensuite chaque
dimanche chez Germain pour discuter.
   Toutes ces réunions eurent le sort commun. On se lassa petit à
petit d'y venir. Chacun était absorbé d'un autre côté. Puis la plu-
part des amis quittaient Lyon. En 1851 tous étaient dispersés.



Bossan au cours Rambaud.— Le sculpteur Bondet. — Le coteau de Sainte-Foy et la presqu'île
 Perrache. — Le jeu de ballon. — Kauffmann. — Le Censeur. — La tentative de suicide
 de Léontine — Les articles de Kauffmann.



   J'ai dit que la mort de Musson n'avait pas seulement causé à
Valère un grand chagrin, mais l'avait encore jeté dans le plus pro-
fond découragement. Il se voyait privé de l'ami le plus sûr et le
plus tendre, et autant qu'il avait cru facile de réussir dans la car -
rière de l'architecture avec un appui pareil, autant, livré à ses pro-
pres forces, il croyait voir l'impossibilité d'en surmonter les obsta-
cles. Pourtant il fallait une occupation plus utile que celle
d'écrivasser. Après ses déboires en matière financière, Bossan
était allé à Païenne, d'où il était revenu sans avoir mieux réussi,
et il se dissimulait, maladif, dans un appartement de la maison
Laporte, cours Rambaud, où ,d'après des signes discrets et conve-
nus, il ouvrait laporte à quelques amis et clients. Il avait de menus
travaux : quelques projets d'ameublement pour les églises de Saint-
Georges à Lyon et de Notre-Dame à Montbrison, et un autre pour
une chapelle sépulcrale destinée à la famille Laporte.
   Il n'avait naturellement ni commis ni élèves. Valère sut qu'il
était revenu et vint s'offrir à l'aider dans la mesure de ses forces,