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 220                       LA R E V U E      LYONNAISE

 et des hommes qui, suivant Théodore de Bèze , disaient « ne
 parler que la pure parole de Dieu » les ont, d'après le même écrivain,
 « partie rompus, partie emportés en pièces. »
    Quand sonna l'heure de la Révolution si fatale à Cluny, il r e s -
 tait donc bien peu de ces anciennes richesses. « Le dépôt des char-
 tes, dit M. Lorain (p. 328), dormait dans de vieilles malles déla-
 brées : plus d'un manuscrit pourrissait inconnu dans les combles
 de l'abbaye, et dans ce qui restait d'éditions rares, de manuscrits
 estimés , de livres de la Bibliothèque qui s'élevaient à plus de
 4.000, on vantait principalement, et plus par habitude tradi-
tionnelle que par estime consciencieuse, un manuscrit inapprécia-
ble qui renfermait, dit-on, la vie de Gharlemagne par Alcuin. G e
trésor avait été caché, par précaution, dans des feuilles de parche-
 min qui portaient pour étiquette : « Somme de saint Thomas »
 afin de le dérober à l'avidité des curieux, à la mauvaise foi des
 fouilleurs. La vie de Charlemagne a disparu dans la tempête. »
    Quant aux imprimés dont le nombre, d'après le même écrivain,
 s'élevait encore, en 1789, à environ 4.000, la majeure partie ou
même encore un plus grand nombre, d'après un auteur moderne,
M.Thierriat, aurait été apportée alors à Lyon. Il a dit en effet,
dans la Revue du Lyonnais, an. 1876, p. 365, ce qui suit: « Mon
père vit descendre sur la Saône trois grands bateaux chargés de
livres provenant du pillage de l'abbaye de Gluny. Ces livres restè-
rent longtemps sur le quai Saint-Antoine, exposés jour et nuit à
tous les temps. De rares amateurs y venaient acheter, moyennant
quelques sous, les plus beaux ouvrages. Le reste, quand vint
l'hiver, fut soldé en bloc à une grande maison de Lyon qui l'en-
fouit dans un vaste sous-sol de la rue Mercière. C'est là que Revoil
 venait, avec son jeune élève ThierriaL déterrer dans l'ombre .et la
poussière quelque précieux ouvrage et ils étaient heureux de les
sauver. »
    Mais M.Chavotmemande à la date du 15 mars 1880: « L'anecdote
de la destinée donnée aux livres imprimés ne me paraît qu'une
fantaisie ' . J e ne crois pas qu'ils aientété mis en vente par la nation!
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    M. Chavofc ne se Irompe-t-il pas ? M. Thierriai; fils, en écrivant avec une remar-
quable piété filiale, la biographie de M. Thierriat, l'une des illustrations de l'École
moderne des beaux-arts de Lyon, a été d'une exactitude scrupuleuse dans toutes les