Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
             MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE DE LYON                         389
  inexpliquée qu'on témoigne. Enfin le nom lui-même disparaît faute
  d'avoir été inscrit à temps dans l'histoire. C'est ce malheur que
  M. Heinrich a voulu prévenir en déposant aux Archives de l'Aca-
  démie de Lyon la peinture admirablement achevée de son maître,
  du maître accompli et sans égal d'un si grand nombre de nos conci-
  toyens.
     L'abbé Noirot, par l'éclat de son enseignement et par l'étendue
  de son influence morale, était devenu l'une des célébrités de
 l'université de France. Mais il est resté surtout une gloire lyon-
 naise; c'est à Lyon, dans la chaire de philosophie du collège, que
  sa personnalité éminente, qui avait pris naissance et déjà acquis
 renom ailleurs, est arrivée à son apogée. C'est là que pendant un
 quart de siècle il a donné toute sa mesure. Maître incomparable de
 la jeunesse, éducateur inimitable des intelligences, véritable accou-
 cheur des esprits en travail, l'abbé Noirot a fait penser au sage
 Rollin par la pureté de ses doctrines, et au maître de Platon par la
 forme et la profondeur de son enseignement.
    Il mérita en effet le surnom de « Socrate moderne » et le justifia.
 La méthode interrogative de ses cours et l'enchaînement rigoureux
de ses déductions faisaient passer sans peine l'esprit de ses élèves
des données les plus simples aux principes les plus élevés. Nous
n'entreprendrons pas de résumer le fond de cet enseignement.
M. Heinrich l'a fait dans sa notice avec une supériorité qui défie
 tout nouvel essai. Le temps et l'espace nous manqueraient du reste
également. Mais qu'on lise dans le mémoire du savant doyen le
tableau pris sur le vif d'une leçon de l'abbé Noirot, et l'exposition
claire et éloquente de ses opinions philosophiques. Le professeur
est là tout entier. Il est en action ; on le voit, on l'entend, on le
suit dans l'évolution ascendante de ses idées, et je sais tel de ses
anciens élèves qui s'est ému devant ce portrait si fidèle, qui a cru
revivre un instant ses lointaines années de philosophie, et a res-
senti encore cet émerveillement de l'intelligence poussée en avant
par le plus habile, des initiateurs.
    On suit l'abbé Noirot, disais-je, dans l'évolution de ses idées,
évolution progressive, libérale et critique, où l'esprit marche
vers la vérité d'un pas ferme et sûr, guidé à la fois par l'expé-
rience des sens, par le raisonnement, par la raison et parla foi.