Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
124                     LA    R E V U E LYONNAISE
Mexique et l'Arizona,irait rejoindre le grand Océan au nord du golfe
 de Californie, autrement dit la mer Vermeille.
    L'esprit reste en quelque sorte confondu devant les perspectives
que lui ouvre le dernier recensement américain. Ne faut-il pas que
ces perspectives nous suggèrent des réflexions pratiques? N'y a-t-il
pas pour nous une leçon, dans ce mouvement de peuples attirés
hors de chez eux par la liberté du travail, l'indépendance de la vie»
l'initiation facile et prompte aux devoirs et aux prérogatives du
citoyen? A quelques heures de distance, nous possédons en Afrique
 une colonie parée de tous les dons naturels. La température y est
plus douce et plus régulière qu'aux États-Unis, le sol aussi fertile
 que dans le bassin du vieux Meschacéb.ê, le mélange des plaines et
des montagnes à souhait pour la diversité des cultures. Déjà au
temps de Bélisaire, Procope, le secrétaire du grand homme qui
 arracha l'Afrique aux Vandales, constatait1 que vers Cartilage, il
 avait vu des jardins plus enchantés que tous ceux du Bosphore.
 Dernièrement, et dans un livre dont le Journal des Débats a donné
le compte rendu, le prince Troubatcheff, qui est demeuré plus de dix
 ans dans l'Algérie, s'étendait en termes enthousiastes sur la splen-
 deur de la végétation, la douceur des hivers plus beaux que ceux
 de Nice, de Cannes, de Menton et de Naples, la facilité pour la
 France de s'annexer progressivement les côtes méridionales de la
Méditerranée, cette zone féconde qui fut autrefois le grenier de
Rome, et peut, grâce aux ressources de la civilisation moderne,
devenir plus belle, plus productive, plus attrayante que jamais!...
Que le spectacle de ce qui se passe en Amérique surexcite donc
notre énergie et notre patriotisme ; le champ d'opérations nous est
 ouvert à trente-six heures de Marseille : à la France de le fécon-
 der.
                                                  XAVIER LANÇON.


  * Voir ce que rapporte Gibbon à cet égard dans l'histoire du règne de Jusfcinien.