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É P I G R A P H I B LYONNAISE 283 tions qui lui apportent d'abondants éclaircissements sur l'État et ses institutions", sur les empereurs et les hauts fonctionnaires, quelle valeur plus grande encore n'offrent pas à l'historien psychologiste celles qui lui permettent de porter ses regards dans les maisons et dans les humbles chaumières du peuple moyen et du petit peuple, et de voir comme on vivait et surtout comme on mourait dans ces classes infimes sur lesquelles nos livres d'histoire nous fournissent à peine quelques renseignements. Les monuments sont en majeure partie des tombeaux, quelques-uns de personnes notables, la plu- part de petites gens ; car il n'y a que les tout à fait misérables qui aient pu se refuser la consolation de consacrer à la mémoire de chers défunts une courte épitaphe. A Lyon, en général, on ne s'est pas contenté de brèves inscriptions. On ne saurait assurément, d'a- près les inscriptions qui y ont été découvertes, se former une idée du style lapidaire, de ce langage concis et nécessairement abrégé par suite de la difficulté du travail sur la pierre dure. Elles sont non seulement verbeuses, elles le sont jusqu'à l'excès. L'éloge des défunts, les regrets des survivants désolés, la narration des cir- constances de la mort, comme nous sommes habitués à les lire dans les gazettes, tout cela est consigné au long, sur de massifs blocs de pierre, en un latin qui n'est rien moins que digne de servir de modèle. Permettez-moi de choisir dans cette riche collection quelques exemples instructifs pour la connaissance de cette époque. Ils nous montrent, non pas les notabilités de la haute société, mais la classe moyenne avec ses personnes aisées ou de chétive condi- tion ; des ouvriers, des marchands ou d'anciens soldats qui, venus à Lyon pour se reposer des fatigues des camps, s'y étaient créé un ménage. Sur une inscription large de 4 mètres, la plus grande que le musée possède et provenant d'un somptueux tombeau découvert il y a environ huit ans, sur la rive gauche dn Rhône, des parents désolés pleurent la mort d'un enfant chéri. Il n'avait que onze ans et faisait partie (comme prsetextatus) du conseil des décurions de Lyon. « Le cruel destin, qui l'avait seulement montré, mais non durablement donné, le leur a ravi par une mort prématurée. Déjà , en un si jeune âge, il brillait par l'étude des belles lettres. Une piété affectueuse rivalisait en lui avec une gentillesse enfantine et