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                            VICTOR HUGO                               407
 arts, préoccupe sérieusement, et, dans le public, si distrait qu'il soit,
 si indifférent qu'il paraisse, il en est qui, à l'occasion, entre une
 circulaire ministérielle et une sommation des comités électoraux,
 continuent à s'inquiéter de notre avenir intellectuel. C'est pour
 ceux-là seulement que j ' a i recueilli ces simples notes.
    Victor Hugo sans doute est aussi connu qu'il est célèbre. Si
 l'on voulait pourtant l'étudier de près, on n'aurait qu'à dépouiller
 ses nombreuses biographies, qu'à s'inspirer des récits que lui a
 consacrés un témoin de sa vie (le plus tendre et le plus dévoué,
 sinon le plus impartial, des témoins), qu'à feuilleter les livres r é -
 cents, où MM. Gustave Rivet et Barbou nous l'ont montré chez lui
 dans le déshabillé d'une illustration qui de loin risque de sembler
 un peu théâtrale. Ses vrais amis vantent ses qualités intimes. Ses
frères en démocratie affectent de le vénérer comme leur grand
pontife. Quelques-uns de ses admirateurs d'autrefois, devenus
aujourd'hui ses adversaires, refont à satiété l'histoire des varia-
tions de ses théories gouvernementales. Mais les exagérations de
l'esprit de parti, les complaisances des disciples, les insultes des
envieux, les railleries des sceptiques n'auront aucune prise sur les
jugements de la postérité. Elle se trompera moins que nous sur la
valeur réelle d'un homme, qui a pu souvent abuser ou mal user
des dons merveilleux que Dieu lui avait départis ; qui, pe t-être,
(comme. Ronsard, un de ses ancêtres de la Renaissance), redes-
cendra de plusieurs degrés du piédestal grandiose où nous l'avons
élevé; mais qui néanmoins comptera toujours, à un rang que nos
descendants fixeront plus tard, parmi les. héritiers légitimes
d'Homère et de Dante, deShakspeare et de Corneille.
   Ai-je besoin de dire qu'ici je n'ai nulle intention de retracer
par le .menu une carrière dont l'image est dans toutes les mémoi-
res? Je ne songe guère non plus à ranimer des débats inopportuns
sur des vicissitudes d'opinions, très diverses assurément, mais
après tout loyales et sincères. J'abandonne aux reporters de
profession des détails qui ont leur intérêt, des indiscrétions qui
ont leur excuse. Quelques mots de rappel sur l'ensemble d'une
vie déjà si longue et si remplie me suffiront amplement.
   Hugo est issu d'une famille anoblie depuis 1531. Il eut pour
père un soldat lorrain, qui avait servi en volontaire la première