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408                  LA R E V U E LYONNAISE
république, qui devint sous le premier empire général de division,
gouverneur de provinces conquises en Italie et en Espagne et qui
a été enterré civilement. Il eut pour mère une Bretonne très catho-
lique et très royaliste, qui partagea les épreuves de Mmes de Bon-
champ et de la Rochejaquelein. Aussi a-t-il flotté, pour ainsi dire,
tour à tour entre les tendances opposées de cette double origine. Il
a, tout jeune, chanté le trône et l'autel, Henri IV et Louis XVIII,
les vierges de Verdun et le sacre de Charles X : il respectait, il
aimait les Bourbons. Gela ne l'empêcha point ensuite de glorifier
 les trois journées de Juillet, d'être un des commensaux du duc
 d'Orléans, d'accepter la pairie des mains de Louis-Philippe. Il est
 vrai que, par compensation, en 1848, lors du naufrage de la mo-
 narchie constitutionnelle, il surnagea comme député aux Assem-
 blées constituante et législative, et même il échoua un instant sur
 les bancs du comité réactionnaire de la rue de Poitiers. Lui qui
 avait jadis exalté par de si beaux vers l'arc-de triomphe et la
 colonne, Austerlitz et Sainte-Hélène, il faillit être pris pour
 ministre par l'élu du 10 décembre; mais, dès 1849, et surtout à
 partir du coup d'Etat de 1851, où,'avec Baudin, Scbœlcher, les
 de.:x Madier de Montjau, il organisa une résistance qui avorta,
  déçu dans ses espérances d'ambition, mécontent, suspect, proscrit,
  à Bruxelles, à Jersey, puis à Guernesey, il s'enveloppa fièrement
  dans son noir manteau d'exilé, et, dédaignant de profiter des
  amnisties de 1859 et de 1869, se posant de plus en plus en Moïse
  du parti démocratique, du haut de ces différents Sinaïs (nous l'a-
  vons dit) il lança, a travers mille éclairs et bien des nuages, la
  foudre retentissante de ses oracles.
      Aigri plutôt que mûri par l'expérience, trop hautain pour plier,
  l'illustre vieillard alla chaque jour plus loin dans ses aspirations et
  ses alliances. Les malheurs domestiques qui l'avaient frappé suc-
  cessivement, l'assombrirent sans l'abattre. Après avoir protesté
  hautement contre le plébiscite du 8 mai 1870, à la suite de la
  Révolution du 4 septembre, au bout de dix-neuf ans d'absence, il
  reparut tout à coup pour défendre, en qualité de vétéran et de
  volontaire, les murailles de Paris assiégé, et pour devenir un des
  députés, ensuite un des sénateurs de la République nouvelle. Il
  adressa aux Allemands une belle proclamation, dont ils ne tinrent