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406                    LA REVUE LYONNAISE
du poète, et a des fondations de prix en faveur d'enfants aban-
donnés. Le soir, la solennité continua en prenant un autre aspect.
Tous les théâtres et les cafés-concerts étaient illuminés et dans la
plupart d'entre eux on récitait des vers d'Hugo ou à la louange
d'Hugo. Quelques jours après, le Sénat l'accueillait par des mur-
mures de sympathie, tandis que le condottiere Gavibaldi et Lullier,
un des généraux de la Commune; lui adressaient d'éclatantes
félicitations. Force brochures de circonstance en prose ou en vers
furent mises en circulation, et la municipalité parisienne arrêta que
l'avenue et la placé d'Eylau s'appelleraient désormais l'avenue et
la place Victor Hugo. Il est aussi question d'une souscription,
pour une statue à consacrer de son vivant, au héros de la fête
près de sa demeure, de façon qu'il pourra, en sortant de chez
lui, saluer sa propre image. L'exemple du Roi-Soleil n'est pas
perdu, et le poète-géant aura eu, lui aussi, ses thuriféraires.
    Les peuples sont généralement si oublieux et si ingrats que nous
 ne nous sentons pas le courage de blâmer trop haut ces effusions
populaires, même dans ce qu'elles eurent d'excessif ou de puéril.
Mais maintenant,que, depuis bien des mois, ces cris de joie n'ont
 plus d'échos, que les bannières sont reléguées au grenier et les
 lampions éteints sans retour, nous n'avons pas cru inutile (quoique
 la chose ait été faite cent fois et bien faite) d'en appeler au souvenir
 et au témoignage de tous, de jeter un coup d'œil rapide sur la vie,
 les aspirations, les oeuvres d'un des écrivains les plus eminents et
 les plus originaux de notre époque, de rapprocher enfin des hon-
 neurs de toute nature qu'il a reçus les mérites, plus ou moins
  sérieux, qui pouvaient l'en rendre digne.



                                    II
                               L'HOMME

   En vain notre époque, turbulente sans ardeur et plus sensuelle
que sensible, se partage entre les fièvres desséchantes de la spécu-
lation et les ivresses malsaines de la politique. Il y reste encore
des 'esprits arriérés, que le culte des sciences, des lettres ou des