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380                   LA REVUE LYONNAISE
âge jusqu'à nos jours. Le lauréat a fait un abrégé de l'histoire de
la musique plutôt qu'une étude de la question. Cette histoire devait
être la base du travail imposé; mais il me semble que le vrai et
nouveau côté du sujet, ce qu'il avait de philosophique et d'esthé -
tique a été trop négligé par l'auteur.
     Deux importants discours de réception ont été prononcés. M. Per-
ret de la Menue a su, dans une monographie du bouclier, prodiguer
les détails de science, d'art et d'histoire; les impressions de l'ar-
 chitecte ou du peintre, les réflexions de l'archéologue, les souvenirs
 du lettré se pressent en foule sous sa plume au point de nuire à
l'ordonnance et a l'unité de l'œuvre.
     Tout autre est le discours de M. Ducarre. M. Ducarre étudie les
 rapports du travail industriel et du travail agricole. Sous l'orateur
 on sent l'homme habitué aux affaires publiques, l'homme pratique
 s'appliquant aux réalités, et ne jugeant que sur des faits. Le discours
 est tout hérissé de chiffres, de statistique, et à première vue on est
  étonné de trouver à une harangue académique cette apparence
  d'aridité que la typographie accentue brutalement. Mais ne vous y
  trompez pas : sous ces chiffres, il y a de la vie, du mouvement; les
  faits sont exposés avec méthode, les idées se groupent avec netteté,
  le raisonnement suit une marche visible, le style est ferme, sobre
  et précis. Que l'auteur expose le développement industriel en le
  comparant à l'agricole, qu'il montre la défiance du propriétaire
  rural à l'égard des méthodes rationnelles de culture, tandis que le
  savoir professionnel et les connaissances techniques se vulgarisent
  chez les ouvriers des villes ; que pour étudier les mœurs, les ten-
  dances, la valeur intellectuelle des paysans, il fasse un tableau de
  la vie au village et nous montre l'influence de l'organisation poli-
   tique sur le régime et le développement de la culture ; ou bien que
  dépouillant les statistiques, analysant les budgets, combinant les
   tarifs, il raisonne comme un mathématicien sur des chiffres, partout
   on sent un esprit ferme et réfléchi, on retrouve cette largeur de vues
   qui fait le théoricien, et cette tendance à la conclusion pratique qui
   fait l'homme d'affaires; partout aussi on sent un écrivain maître
   de sa langue et un orateur qui sait ordonner un discours.
    Si le travail agricole est moins rémunérateur que celui des villes
 et par conséquent délaissé, cett'e infériorité tient pour beaucoup Ã