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             MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE DE LYON                           387
l'ignorance du cultivateur ; et cette ignorance et ce dégoût de l'a-
griculture ont pour cause principale peut-être les tendances de nos
méthodes d'instruction, spécialement de l'instruction primaire dans
les campagnes. Voilà si je ne me trompe la conclusion dernière de
cet important discours ; elle avait déjà été formulée avec plus ou
moins de précision par soixante départements dans les enquêtes de
1872 et 1873 sur les conditions du travail en France. Mais faire
converger un discours de réception à cette conclusion si éminemment
pratique, et savoir en même temps garder l'allure académique et
littéraire, n'est-ce point un véritable tour de force et la marque
d'un esprit admirablement doué?
    M. À. Mollière était assurément moins tourmenté par le souci
des réalités, lorsqu'il a exposé la métaphysique du droit. Dans une
élude qu'on sent être le fruit de méditations profondes et où la con-
cision du style témoigne de la concentration des idées, l'auteur
montre que le droit tendant à la réalisation de la justice et de lu
paix dans les sociétés humaines doit avoir sa base dans l'idée de la
divinité. La suprême justice et la droiture suprême seront la rai-
son d'être de toute législation, et cette raison d'être nous donnera les
principes de la métaphysique du droit. Poursuivi par l'idée d'une
division nécessairement tripartite des choses, victime souvent de
cette obsession, il étudie successivement le droit dans sa substance,
sa forme et sa vie, c'est-à-dire la légitimité, la légalité et la loi ; le
droit règle les personnes, les choses et les actions ; la société est
d'ordre domestique, politique et religieux, etc. Il y a une grande
élévation dépensées, une ingénieuse finesse d'aperçus et de compa-
raisons; mais si je ne craignais de blesser l'auteur par cet hérétique
rapprochement, je dirais que parfois en lisant cette Notice, je me
 rappelais les Analogies de Fourier : comme cet illustre rêveur,
l'auteur, afin d'établir ses concordances, et par amour de la trinité,
 tantôt supprime un terme gênant, tantôt crée des divisions artifi-
 cielles. Comment, par exemple, retrouver la division ternaire
jusque dans les titres du Code civil? Pourquoi répartir l'en-
 semble du droit en droit public, droit civil et droit international?
 Si je pouvais discuter, au lieu de faire simplement un travail de
 compte rendu, il ne serait pas difficile de montrer que cette divi-
  sion est factice et que la trilogie est dans bien des cas inapplicable.