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372                    LA REVUE LYONNAISE
meux psautier, 11 l'apporte à Louis XIV qui y lit avec indignation le
deux noms unis d'Antoine de Méran et de Françoise d'Aubignê et
qui est tout prêt à croire, comme la lui affirme le ministre, que
Samuel est le fruit des amours de celle qu'il veut épouser avec le
huguenot mort en Amérique. Il faut forcer Mme de Maintenon à se
découvrir et c'est dans un conseil tenu chez elle que Louvois rend
compte au roi du complot tramé contre son petit-fils. Louis, les
yeux fixés sur celle qui aspire au trône de France, se fait lire les
noms des conjurés ; quand le ministre prononce le nom de Samuel,
Mme de Maintenon pousse un cri !

                                          C'est bien sa mère !

dit Louvois à Louis qui ordonne aussitôt la mise à mort des coupa-
bles.
   Le roi congédie les ministres. La marquise se traîne kses pieds
pour obtenir la vie de Samuel ; plus elle supplie, plus malgcé ses
serments, ses protestations d'innocence, le roi est convaincu que le
jeune huguenot est son fils. Enfin il accorde la grâce, mais à une
condition qui fait frémir l'ambitieuse ; si elle sauve Samuel, si elle
fait usage de ce papier arraché au roi, ce sera pour lui la preuve
qu'elle est coupable.
            Si vous rendez la vie à cet homme, Madame,
            C'est qu'il est votre fils, et, sans mots superflus,
            Jamais devant mes yeux ne reparaissez plus;
            Moi, j'oublierai combien vous me parûtes belle.
            . . . Mais si demain, dès l'aube, à la chapelle
            Où je vous attendrai, d'un cœur tranquille et fort
            Vous venez m'apportez la preuve de sa mort,
            C'est qu'il ne vous est rien^ et vous serez ma femme

   Le roi sort sans vouloir rien entendre de plus, et Mme de Main-
tenon, sachons-lui gré de ce bon mouvement, s'élance pour sauver
Samuel.
   Celte dernière scène est vraiment belle et bien menée. Le terrible,
c'est que ce combat se livre dans le cœur d'un homme de qua-
rante-huit ans pour une femme de cinquante.
   Le dernier acte est fort court. Nous sommes à la Bastille ; Samuel
attend la mort ; Mme de Maintenon arrive, lui apporte sa grâce et lui