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342                  LA REVUE LYONNAISE
appelant, avec des larmes dans la voix, les habitants de Parme au
secours de sa ville natale. Malheureusement tous les Parmesans
valides étaient déjà en expédition, à la suite de l'empereur, contre
Milan. « En entendant cet appel, nous dit Salimbene, je fus ému
de compassion jusqu'à pleurer. Car je considérais que Parme était
vide d'hommes et qu'il ne restait plus que les enfants et les jeunes
filles, les vieillards et les femmes. »
   Salimbene avait sous les yeux deux exemples opposés, celui de
son père, Guido di Adamo, vaillant homme de guerre, qui avait
fait la croisade, et celui de son frère aîné, qui s'appelait également
Guido, et qui, bien que marié et père d'une fille, était entré dans
l'ordre des Frères mineurs, tandis que sa fille et sa femme se reti-
raient au monastère de Sainte- Glaire, à Parme même. L'entrée en
religion de Salimbene, c'était l'extinction de sa famille ; car son
autre frère, Nicolas, était mort enbas âge, et celui que nous avons
vu s'établir à Toulouse n'était pas un enfant légitime. Le vieux
Guido di Adamo fut désespéré d'une résolution qui lui enlevait le
dernier espoir d'un héritier de son nom ; mais toutes ses tentati-
ves pour obtenir de son fils qu'il revînt à lui, furent impuissantes
devant une résistance obstinée : « Car mon père me poursuivit tou-
jours, et me tendit toujours des embûches pour me faire sortir de
l'ordre de Saint-François, jusqu'au dernier jour de sa vie; et il ne
se réconcilia jamais avec moi, persévérant dans sa dureté. »
    La famille di Adamo était une des familles riches et influentes
de Parme. La mère de Salimbene avait plusieurs domestiques à son
 service ; elle faisait de nombreuses aumônes, et chaque hiver elle
 entretenait et nourrissait près d'elle une pauvre femme de 'la mon-
tagne. La maison où naquit Salimbene, et qui appartenait à son
père, était située tout près du baptistère de Parme, ce curieux édi-
fice octogone qu'on visite aujourd'hui avec tant d'intérêt. La
famille di Adamo possédait en outre, aux portes de Parme, la villa
de Gsinaco, qui appartint ensuite au cardinal Gherardo Bianco
(Gerardus Albus). Quoique Salimbene eût renoncé à tous ces biens,
il en parle fréquemment dans sa Chronique avec une certaine fierté,
et il ne perd jamais une occasion de dire « ma maison » ou
« ma villa ». Aussi eut-il à surmonter, dans les premiers temps
de sa nouvelle vie de moine mendiant, un sentiment de honte dont