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314 LA R E V U E LYONNAISE
II, — TANNEGUY DU" GHATEL. — Je me réservais d'élucider ce petit
problème dans la nouvelle édition de mon Armoriai du Lyonnais que
jeprépare; mais puisque cette question que d'ailleurs, je dois l'a-
vouer, j'ai moi-même suscitée, puisque cette question est posée, j'en
dirai ce que j'en sais actuellement. Il y a une vingtaine d'années je
rencontrais dans les Archives de la ville une lettre datée de 1461, de
Tanneguy vicomte de Joyeuse, qui me suggéra la pensée que ce per-
sonnage avait été à tort confondu avec Tanneguy du Ghâtel. Un
sceau apposé à ce document et qui, quoique fruste, laissait nette-
ment distinguer les pals et le chef des Joyeuse, confirmait mon idée.
J'avais peine à admettre qu'à deux ou trois ans de distance, deux
personnages différents, du prénom de Tanneguy, eussent gouverné
la ville Lyon. Le silence des listes de Ménestrier et de Ghausonnet,
qui ne mentionnent que Tanneguy du Ghâtel, me semblait démontrer
qu'il y avait confusion et que le prétendu du Ghâtel était un Joyeuse.
Mais un examen plus attentif a ébranlé ma conviction. Brossette,
dans son Eloge historique, n'a pas omis Tanneguy de Joyeuse,
et il ajoute que le premier qui ait commandé dans le Lyonnais avec
le titre de gouverneur, fut le grand écuyer de France qui reçut des
présents du Chapitre à son arrivée à Lyon en 1463. Or précisément
Y Histoire des grands officiers de la Couronne mentionne sous
cette date comme grand écuyer de France un Tanneguy du Ghâtel,
vicomte delaBellière, gouverneur du Eoussillon et de la Cerdagne,
qui fut tué en 1477 au siège de Bouchain. Par conséquent il faudrait
distinguer Tanneguy vicomte de Joyeuse, sénéchal de Lyon en 1460,
et 1461 et Tanneguy du Ghâtel, grand écuyer de France, nommé
gouverneur du Lyonnais en 1463. Gela tend à prouver qu'en
matière d'érudition, il ne faut jamais s'en tenir à une première
impression et que ce qui paraît invraisemblable est souvent très
exact. Cependant avant de trancher définitivement ce petit p r o -
blème, il faudrait recourir aux Actes Capitulaires de Saint-Jean
(vol. XXI, fol. 254) et vérifier soigneusement le nom du personnage
que du reste Brossette ne désigne pas nominalement.
A. STEYERT.