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                   É P I G R A P H I E LYONNNAISE                  285
langage que parlent les inscriptions chrétiennes du déclin de l'an-
tiquité .
   Cette révolution s'est accomplie lentement dans l'Ouest, et la
nouvelle religion, appelée à dominer, a tardivement supplanté les
anciens dieux du paganisme. Dans le sud de la Gaule, Marseille,
Arles, Vienne, ont été les principaux centres de la foi chrétienne ;
tandis que de ce fait particulier que, dans le nombre si considé-
rable des inscriptions de Nîmes, il ne s'en est jusqu'à présent ren-
contré aucune qui soit certainement chrétienne, ressort la preuve
qu'à une époque tardive il y avait encore des cités qui avaient la
volonté et le pouvoir de rester fermées à la nouvelle croyance. Déjà
plusieurs siècles avant d'être devenu la religion dominante, le
christianisme s'était introduit silencieusement et d'une manière
insaisissable et s'était surtout infiltré dans le bas peuple parmi les
opprimés et les indigents. Deux cents après Jésus-Christ, un écri-
vain chrétien pouvait dire, sans doute avec un peu d'exagération:
«Nous remplissons vos villes et vos châteaux, vos communes et
vos conseils, vos champs et vos palais, le sénat et le forum ; nous
ne vous laissons que vos temples. » De l'Orient, le christianisme
avait été apporté à l'Occident. Partout où pénétraient les Orien-
taux comme soldats, marchands ou missionnaires, ils étaient les
propagateurs du nouvel Évangile.
   Lyon, le rendez-vous des marchands orientaux, pourrait-il être
resté entièrement à l'écart? D'après les documents epigraphiques
on serait tenté de le croire; presque tous, ils respirent un esprit
absolument païen. Les inscriptions chrétiennes n'apparaissent pas
à Lyon avant le ive siècle et ne deviennent abondantes que dans les
siècles suivants. Ici, même à défaut de renseignements positifs, il
nous serait permis de concevoir des doutes ; mais nous savons
d'une manière certaine, grâce à un document précieux, que là
aussi, d'une manière lente et continue, de petites sociétés secrè-
tes s'étaient constituées et que dans des maisons peu apparentes,
une communauté paisible se réunissait pour honorer la divinité
du Christ. Sous le règne de l'empereur philosophe Marc-Aurèle,
en l'an 177, un martyr a été exécuté dans le voisinage immédiat
de l'autel consacré à la divinité des empereurs ; martyre dont le
récit, profondément saisissant dans sa simplicité, est consigné