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260                  LA REVUE LYONNAISE
marché toute la nuit, nous les avons attaqués à sept heures du
matin. Mais loin de les surprendre comme nous le pensions, nous
les avons trouvés si bien sur leurs gardes et retranchés de ma-
nière à pouvoir nous résister quoique inférieurs en nombre. L'af-
faire a duré deux heures. Notre infanterie qui est arrivée trop tard
n'a point vu le feu ; c'est l'artillerie à pied et à cheval et la cava-
lerie qui se sont battues. Notre cavalerie a perdu quelques hommes
et quelques chevaux ; deux bataillons de volontaires ont fait feu
sur mon artillerie et sur des gendarmes, croyant que nous étions
ennemis et après cela ils se sont enfuis en laissant leurs fusils et
leurs sacs pour être plus légers à la course. Toutes mes pièces ont
fait feu et nous avons eu une canonnade assez vive de la part des
ennemis. Mon domestique, qui n'est pas encore aguerri au canon,
s'est sauvé à Weissenburg avec son cheval dès les premiers boulets
qui sont tombés à côté de nous. Après deux heures de combat nous
 sommes revenus dans nos camps après avoir marché vingt-quatre
 heures et fait 20 lieues sans boire ni manger. Nous leur avons fait
 quelques prisonniers mais nous n'avons fait perdre du terrain qu'à
leur garde avancée. Je ne suis point content de cette affaire et sur-
 tout de la conduite de ces deux bataillons.




                                            14 mai 1793,



   La position de notre parc où je suis campé est superbe et nous
dominons un grand espace de pays. Ma tente est placée à dix pas
du grand chemin qui va de Weissenburg à Strasbourg, chemin
qui dans ce moment est très fréquenté et procure beaucoup de dis-
traction. Je suis aussi à deux cents toises d'un superbe château
appartenant jadis à un émigré, maintenant à un citoyen de Weis-
senburg, où logent trois de nos chefs du parc d'artillerie.IL y a un
très beau jardin, de grands marronniers sous lesquels il fait beau-
coup plus frais que dans ma tente.J'y suispresqae toute la journée,
et il ne me manque pour embellir ce séjour que quelques romans
comme j'en avais à lire dans le fond des gorges de Porrentruy. Les