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                DR LYON Â G E N È V E AU X V I I             SIECLE                  63

 à suivre. Un air épais, nébuleux et froid retardait notre marche;
l'eau transformée en glace provoquait la chute du guide et des
 cavaliers ; la terre, couverte de neige, nous refusait son usage.
Voyager dans ces conditions semble impossible. Aussi ce fut par
 une véritable protection divine, comme nous le reconnûmes tous,
que nous pûmes arriver enfin à dix heures du soir, et sans
connaître aucun chemin, au bourg de Longer et1, situé à deux
milles de Ghàtillon, où il nous fut possible de nous remettre de nos
fatigues, à l'auberge de la Croix-Bouge. Le lendemain, quand le
jour fut levé, nous pûmes contempler les vallées et les précipices
qui avoisinent cette localité, et que nous n'avions évités que grâce
à Dieu.
   De Longeret, il nous restait à faire un quart de mille pour arri-
ver au Fort de la Cluse2. César parle de la manière suivante de
ce lieu, au livre premier de ses Commentaires : « Les Helvétiens
n'avaient que deux chemins pour sortir de leur pays ; l'un
par les terres des Sêquanais, entre le Jura et le Rhône; c'était
un défilé étroit et difficile, où un chariot pouvait à peine
passer. Il était dominé par une haute montagne, et une faible
troupe suffirait pour enfermer       le passage'6. »
   Ce défilé, dit Rhellicanus, dans ses observations sur les Com-


   1
     Longeray, hameau^dépendant de la commune de Léaz. La route nationale ac-
tuelle traverse encore ce bourg qui est situé sous le Fort de l'Écluse.
   2
     Le Fort de VÉcluse est situé sur le territoire de la commune de Léaz. A l'ori-
gine, cette forteresse consista seulement dans une'petite construction militaire, que
fit élever Amédée II, seigneur de Gex, vers l'année 1225 et qui fut bientôt transformée
en maison forte, puis en château. Guillaume de Joinville, seigneur de Gex, le céda
en 1293, au comte Amédée de Savoie, moyennant 2,100 livres viennoises. Tombé,
eu 1385, au pouvoir de Jean de Chàlon, seigneur d'Arlay, partisan du dauphin de
Viennois, ce château fut livré à prix d'argent, en 1325, à Edouard de Savoie, par le
commandant de place, qui fut pendu pour sa félonie. En 1536, il est pris par les Ber-
nois qui le gardent jusqu'au traité de Lausanne (1564). Ces derniers le reprennent,
le 21 avril 1580; mais, dès le 1 e r mai suivant, il retombe au pouvoir du duc de Sa-
voie, qui le céda à la France, par le traité de 1601. Depuis cette époque, le Fort de
l'Ecluse a subi une complète transformation. L'ancien système de défense avait été
déjà complètement modifié en 1720, quand des travaux plus importants y furent
exécutés de nouveau de 1820 à 1828. Enfin, en 1834, fut commencée la construction
du fort d'en haut, qui en fait une place inexpugnable. Ce fort est relié à celui d'en
bas par une g'alerie souterraine de 1188 degrés. (V. Guigue, Dictionnaire topogra-
plaque du département de l'Ain. V. Fort l'Écluse).
   8
      César, Commentaires delà guerre des Gaules, I, 6.